Thomas Pesquet, l’astronaute français qui vit dans la Station spatiale internationale depuis le 17 novembre dernier, pourrait bien partager son quotidien avec d’étranges créatures. La Nasa publie ce mois-ci dans la revue International Journal of Systematic and evolutionary Mircobiology une découverte qui rappelle certains scenarii de science-fiction. Les astronautes qui ont précédé Thomas Pesquet dans l’espace ont cohabité pendant des mois dans la Station spatiale internationale (ISS) avec un organisme inconnu sur Terre.
La petite bactérie inconnue avait élu domicile dans un filtre à particules fines du laboratoire de la station, entre janvier 2008 et mai 2011. Le micro-organisme a été détecté l’année dernière lors d’une mission de surveillance. La Nasa a en effet pris l’habitude de garder un œil sur toutes les bactéries qui prolifèrent dans le vase-clos de l’ISS.
Une bactérie mutante. Cette bactérie très spéciale ne présente pas de caractéristiques connues sur notre planète Terre. Qui dit nouvel organisme, dit nouveau nom : elle a été baptisée "Solibacillus kalamii" par la Nasa, en hommage au 11e président indien Abdul Kalam, très impliqué dans la recherche spatiale et décédé en juillet 2015.
Ce minuscule petit être serait-il un extraterrestre ? La preuve de vie d’origine non terrestre tant attendue par l’humanité n’est pas encore d’actualité. Les scientifiques de la Nasa estiment que l’organisme a pu être emmené à bord de l’ISS depuis la Terre. Il aurait ensuite muté dans l’espace, pour devenir un tout autre être vivant.
Un micro-organisme avec des super-pouvoirs. En plus d’être inconnue au bataillon des bactéries terrestres, la bactérie de l’ISS aurait des propriétés très intéressantes pour les chercheurs. En survivant et en se développant pendant plus de trois ans à plus de 400 kilomètres de la Terre, le micro-organisme a réalisé un tour de force que pourraient bien avoir à imiter les futurs astronautes dans quelques années, lorsqu’ils effectueront le premier long voyage vers la planète Mars.
La bactérie n’a en effet pas été altérée par les radiations cosmiques, dont les ultraviolets intenses du soleil, ni par les températures spatiales glaciales comprises entre -20 et -40 degrés Celsius, ni par la microgravité. Or les radiations cosmiques pourraient notamment, sur un vol long, endommager le système nerveux des astronautes, en affectant leurs capacités cognitives pour le restant de leur vie.
Les chercheurs de la Nasa vont donc continuer d’analyser la mystérieuse bactérie super résistante, pour savoir si elle pourrait servir d’une manière ou d’une autre à protéger les futurs colons martiens des radiations agressives de l’espace. Solibacillus kalamii n’est pas le premier organisme à démontrer ses capacités d’adaptation aux rudes conditions spatiales. Des algues vertes présentes à l’extérieur de l’ISS avaient elles aussi réussi à survivre, pendant 530 jours.