Des fleurs dans l'espace. C'est le projet un peu fou de plusieurs étudiants de l'enseignement supérieur sélectionné après un appel d'offres lancé par le CNES (Centre national d'études spatiales) en 2019. Des graines vont donc être envoyées dans la Station spatiale internationale (ISS) le 1er août prochain à bord d'un cargo de ravitaillement afin de mener une expérimentation. A l'origine de de cette idée, Eve Teyssier, étudiante en biologie végétale et co-fondatrice avec plusieurs de ses camarades de ce projet appelé Eklo, qui est revenue lundi dans Europe Matin sur sa construction et ses objectifs.
Des graines d'œillets d'Inde
"Ce sont des graines d'œillets d'Inde que l'on a achetées chez le semencier Kayar et qui font une vingtaine de centimètres une fois qu'elles ont fait leurs fleurs. On les a sélectionnées parce qu'elles sont très faciles à désinfecter - pour ne pas amener de pathogènes dans l'espace - et également parce qu'elles résistent très bien aux températures de l'ISS et qu'elles n'ont pas besoin de beaucoup d'eau", a expliqué la jeune femme.
Pourtant, au départ, ce n'est pas cette fleur qu'Eve Teyssier souhaitait faire embarquer avec Thomas Pesquet dans l'espace. "J'avais un projet qui portait sur la rose du Petit Prince, la symbolique me plaisait. Apporter du beau dans l'espace, ça me parlait. Et les étudiants de Nantes avec lesquels j'ai dû fusionner pour créer le projet Eklo voulaient, eux, envoyer une tulipe. Mais ce n'était pas possible pour des raisons sanitaires. Et puis finalement, le mix de nos idées a donné une fleur qui allait pousser dans l'espace", a poursuivi l'étudiante.
"Détente, joie et envie de jardiner"
Quant à l'objectif de cette expérience, il n'est pas forcément lié à des recherches scientifiques, au contraire. "Le but c'est surtout de donner un peu de plaisir à Thomas Pesquet parce que c'est un projet étudiant et ça ne correspond pas aux critères d'une expérience scientifique à proprement parler. Donc on a fait quelque chose de plutôt lié au bien-être de l'astronaute et à l'envie qu'au milieu de toutes les expériences qu'il va devoir faire et toutes les recherches, il ait un peu de détente, de joie, d'envie de jardiner et de s'occuper de sa fleur. Qu'il ait un lien fort avec la terre".
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La capsule dans laquelle embarquera cette fleur ressemble à un gros tube de 45 cm de hauteur et de 18 cm de diamètre. "C'est un beau pot composé de plusieurs étages et tout en bas, il y a une bague rotative et à chaque fois que Thomas va la tourner, il va récupérer un carton. Dans ce carton, il y a des odeurs de fleurs qu'il va pouvoir sentir et découvrir quand il en aura envie, accompagnées de mots de sa famille. Ensuite, il y a toute la partie où les graines vont pouvoir pousser et où les racines des plantes vont pouvoir s'expandre, et enfin la partie transparente dans laquelle on va pouvoir voir la plante", a encore détaillé Eve Teyssier.
Pour l'arroser, les étudiants ont prévu un drinking bag et un petit collecteur qui va permettre de faire la liaison entre cette poche d'eau et leur capsule. Thomas Pesquet n'aura plus qu'à la presser pour que l'eau aille dans la terre.