EDF a annoncé mercredi, par le biais d'un rapport, que six réacteurs nucléaires du parc français, en service, sont concernés par des défauts de fabrication. Il s'agit de soudures qui n'ont pas été faites correctement sur l'un des composants du réacteur, fabriqué par la filiale d'EDF Framatome. Ce n'est pas la première fois qu'EDF fait face à ce type de problème avec un sous-traitant. Alors la filière nucléaire française est-elle encore sure ?
C'est en tout cas une erreur qui aurait pu être évitée. Au sein des équipes d'EDF, la colère est palpable : "Il suffisait de suivre la procédure", s'agace un ingénieur... contre Framatome, la filiale d'EDF à l'origine des pièces défectueuses. Une malfaçon qui vient s'ajouter à une liste déjà trop longue estime l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
Les années passent et les malfaçons s'accumulent
Julien Collet, directeur général adjoint de l'ASN s'inquiète de la perte de compétence au sein de la filière nucléaire française : "Cet événement illustre à nouveau la perte de compétence et de savoir-faire qui a touché l'industrie nucléaire française à partir des années 2000. L'autorité de sûreté nucléaire demande à la filière de se ressaisir. Nous considérons qu'il y a des investissements importants à faire, notamment en termes de compétence et de formation, pour retrouver un niveau de qualité".
La perte de compétences est due au fait que la France n'a pas construit de centrale pendant des années. Conséquence : les années passent et les malfaçons s'accumulent. En 2015, le couvercle et le fond de la cuve de l'EPR de Flamanville, forgés à l'usine Aréva du Creusot, étaient pointés du doigt. Plus récemment : les soudures du réacteur de ce même EPR ont été catégorisées comme n'étant pas aux normes.
Ces déboires ont poussé le ministre de l'Economie Bruno Lemaire a commandé un audit sur la filière EPR. Les résultats devraient être rendus au mois d'octobre.