L'utilisation à grande échelle de carburants alternatifs envisagée dans le transport aérien conduira à plus de production d'huile de palme et à plus de déforestation, a mis en garde mardi un collectif d'ONG.
50% du carburant en 2050 ? Lors d'une réunion prévue à partir de mercredi à Mexico, l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), agence spécialisée de l'ONU, doit se pencher sur sa "vision" des carburants alternatifs, dans le cadre de sa contribution à la lutte contre le réchauffement climatique. Selon un document disponible sur son site internet, cette "vision" envisage un passage des "carburants d'aviation durables" à 2% du total des carburants du secteur en 2025 (5 millions de tonnes par an), 32% en 2040 (128 millions de tonnes par an) et 50% en 2050 (285 millions de tonnes par an).
"Aggraver le mal". "Même si les chiffres proposés par l'OACI sont irréalistes, créer tout nouveau marché pour les biocarburants va aggraver le mal causé par les politiques existantes de promotion des biocarburants pour le transport routier dans l'UE, aux Etats-Unis et ailleurs", dénonce le collectif d'une centaine d'ONG internationales dans une lettre adressée à l'organisation. Cette consommation plus importante de carburants alternatifs voudrait dire, selon ce texte, "presque certainement" utiliser plus d'huile de palme, accusée de contribuer à la déforestation et au changement climatique.
Aussi néfaste que les carburants fossiles. Les impacts sur l'environnement des carburants alternatifs "ne sont pas moindres que ceux des carburants fossiles", assurent encore les ONG, qui appellent les 191 Etats membres de l'OACI à "s'opposer" à leur développement. "Les biocarburants sont déjà responsables de déforestation à grande échelle, d'appropriation de terres, de violations des droits de l'Homme, et de perte de souveraineté et de sécurité alimentaires", a dénoncé dans un communiqué Mary Louise Malig, de l'ONG Global Forest Coalition. "Ravitailler les avions avec en plus des voitures, amplifierait ces impacts préoccupants, sans rien faire pour s'occuper du changement climatique".
Faire le choix de développer le train. Les ONG appellent à la place à "prendre des mesures urgentes pour réduire les impacts de l'aviation sur le climat en ralentissant et finalement en inversant sa croissance", notamment en mettant un terme aux subventions, en arrêtant l'extension des aéroports et en investissant dans d'autres modes de transports comme le rail. Si le secteur aérien mondial était un pays, il entrerait dans le top 10 des principaux émetteurs, selon la Commission européenne.