Une nouvelle technique d'imagerie numérique en 3D a révélé le contenu d'une très ancienne version d'un texte de l'ancien testament, datant d'au moins quinze siècles et qui est trop endommagée et fragile pour être déroulée. Une équipe de recherche américano-israélienne a pu déterminer que ce document, fait de peau d'animal, était une version du Lévitique, le troisième des cinq livres de Moïse, la Torah, dont il contient les deux premiers chapitres.
Une avancée scientifique majeure. Leur découverte a été publiée mercredi dans la revue scientifique américaine Science Advances. Ces chercheurs ont pu produire virtuellement une image du document entièrement déroulé, montrant un texte de 35 lignes dans chaque colonne, dont 18 étaient préservées et 17 ont été reconstituées. Le manuscrit, qui ne pourra jamais être ouvert vu son mauvais état, a été mis au jour en 1970 lors de travaux d'excavation à la synagogue d'Ein Gedi en Israël, près de la rive occidentale de la Mer Morte. Toute la structure principale du document était brûlée et écrasée et continuait à se désintégrer chaque fois qu'on y touchait, expliquent les chercheurs.
En lisant le manuscrit d'Ein-Gedi, "nous avons été frappés par le fait que certains passages sont identiques dans le moindre détail calligraphique et l'organisation des sections au texte Massorétique, qui fait autorité au sein du judaïsme", a expliqué, lors d'une conférence de presse téléphonique, Michael Segal, directeur de la faculté de Philosophie et de Religion à l'Université Hébraïque de Jérusalem. Mais ce document "ne nous indique pas comment était le texte original", a-t-il précisé. L'expert souligne que cette version des deux chapitres du troisième livre du Lévitique d'Ein-Gedi "représente le texte biblique le plus complet et le plus significatif de l'antiquité mis au jour" depuis la découverte des manuscrits de la mer Morte.
D'autres textes à déchiffrer. Pour pouvoir lire à l'intérieur du manuscrit ces scientifiques ont utilisé une tomographie numérique avancée, un scanner en 3D, qui a pu détecter les traces de métal contenu dans l'encre et la texture du document. "Nous avons été très surpris de la qualité de ces images", a souligné le professeur Segal. "La plus grande partie du texte est lisible ou tout au moins presque aussi lisible que ceux des manuscrits préservés de la Mer Morte", a-t-il ajouté, en référence à une série de parchemins découverts entre 1947 et 1956 en Cisjordanie mais qui restent à déchiffrer. "Il existe tellement d'autres manuscrits uniques et fascinants qui pourraient ainsi livrer leurs secrets" grâce à cette technique, a souligné Brent Seales, professeur de sciences informatiques à l'université du Kentucky, un des principaux auteurs de ces travaux.