Des scientifiques ont percé le mystère de l'inversion tous les onze ans en moyenne du cycle magnétique du soleil, une avancée avec des applications importantes pour prévoir les éruptions solaires pouvant perturber les communications sur Terre.
Simulation 3D. Cette découverte, publiée jeudi dans la revue américaine Science, expose l'existence d'une puissante rétroaction entre le champ magnétique du soleil et les écoulements de fluide conducteur, dont un mouvement de rotation interne. Ce sont les variations de cette rotation qui déterminent la période du cycle, ont conclu les chercheurs qui ont utilisé une simulation informatique en 3D de l'intérieur d'étoiles semblables au soleil. Dans certains cas, comme pour le soleil, ce champ magnétique oscille sur une période décennale. D'autres étoiles ont des cycles magnétiques allant d'une à plusieurs dizaines d'années. Pour le soleil, la variation va de huit à quatorze ans.
Prévoir les éruptions solaires. Grâce à différents programmes d'observation, les chercheurs disposent aujourd'hui d'informations sur la durée des cycles magnétiques d'étoiles de type solaire, dont ils connaissent souvent la luminosité avec une bonne précision, en plus de leur rotation et de leur cycle magnétique. "On a mis en lumière un mécanisme fondamental qui détermine la longueur des cycles, ce qui va permettre de faire de la prévision à long terme sur le cycle lui-même", explique Antoine Strugarek de l'université de Montréal, principal auteur de ces travaux.
Cette nouvelle capacité intéressera particulièrement les industriels et opérateurs de satellites qui pourront ainsi mieux prévoir les futures éruptions solaires, pointe-t-il. "On pourra ainsi dire si le prochain cycle magnétique du soleil d'ici dix ou vingt ans sera intense, long ou court ce qui permettra de savoir, entre autres, quel type de satellites peut être mis sur orbite et les fenêtres de tir les plus favorables", précise l'astrophysicien.
Lancement de satellite. Ces travaux ont démontré que "le cycle de onze ans est le cycle principal de toutes les étoiles de type solaire", ajoute Allan Sacha Brun, chef du Laboratoire Dynamique des Etoiles, des (Exo)planètes et de leur Environnement à l'Institut français de recherche sur les lois fondamentales de l'univers. Les simulations du magnétisme des étoiles de type solaire devraient permettre notamment de mieux exploiter les données scientifiques récoltées lors des futures missions de l'Agence spatiale européenne (ESA): "Solar Orbiter", un satellite d'observation du soleil, doit être lancé en 2018 puis PLATO (Planetary Transits and Oscillations of stars) devrait être déployé en 2024 pour traquer des exoplanètes.