Les cosmonautes russes Igor Kononenko et Sergueï Prokopiev ont réussi mardi une sortie dans l'espace pour inspecter le trou découvert en août dans un vaisseau Soyouz amarré à la Station spatiale internationale (ISS), qui avait provoqué une légère dépressurisation de la station orbitale en août.
Sept heures d'intervention pour un trou de deux millimètres. Les deux cosmonautes sont sortis à 16h59 (en France) de la station spatiale internationale, selon l'agence spatiale russe Roskosmos. Pendant sept heures quarante-cinq minutes, ils se sont attelés à l'aide de couteaux et grattoirs, avec difficulté, à percer la protection du vaisseau et à prélever un échantillon de matière autour du "petit mais dangereux" trou de deux millimètres de large, de même source. L'objectif est de savoir s'il a été fait dans l'espace ou sur Terre, avait expliqué plus tôt Roskosmos.
Cosmonauts Oleg Kononenko and Sergey Prokopyev completed a spacewalk lasting 7 hours and 45 minutes to inspect the Soyuz crew vehicle. https://t.co/Wqfx2ZyRG7pic.twitter.com/uogajeAZt3
— Intl. Space Station (@Space_Station) 11 décembre 2018
Une mission "unique" et "complexe". "C'est un défi. Toutes les sorties spatiales sont intéressantes, mais celle-ci encore plus car elle est vraiment unique, complexe", a commenté Oleg Kononenko dans une vidéo publiée sur le site internet de Roskosmos. Il s'agit d'une mission "sans précédent dans sa complexité", a souligné sur Twitter le chef de Roskosmos Dmitri Rogozine.
La mission est particulièrement difficile car le vaisseau Soyouz, comme l'ISS, n'a pas été conçu pour subir des réparations lors de sorties dans l'espace. Il est en particulier dépourvu de rampes extérieures qui auraient permis aux cosmonautes de s'y tenir. "Il n'y a rien, c'est le problème", a relevé Oleg Kononenko.
Des éléments nécessaires à l'enquête. "Les cosmonautes vont prélever des échantillons de tout résidu trouvé sur la coque et prendre des images numériques de la zone avant d'y placer une nouvelle couverture thermique", avait indiqué pour sa part la Nasa dans un communiqué. "Les échantillons et les images fourniront des informations supplémentaires qui faciliteront l'enquête sur la cause de la fuite de pression", ajoutait l'agence américaine.
Initialement, le cosmonaute russe Alexeï Ovitchinine aurait dû effectuer cette sortie spatiale mais il était à bord de la fusée Soyouz ayant connu une défaillance deux minutes après son décollage le 11 octobre, contraignant les deux occupants à un retour agité sur Terre.
Un "acte prémédité", selon le directeur de l'agence russe. Le 30 août, les deux occupants russes de l'ISS avaient découvert "un trou de deux millimètres par lequel notre air disparaissait" sur un vaisseau Soyouz amarré à l'ISS. Ils l'avaient colmaté avec trois couches de produits hermétiques. Moins d'une semaine après la découverte de la fuite d'oxygène, qui n'a pas mis en danger la vie de l'équipage de l'ISS, le directeur de Roskosmos, Dmitri Rogozine, avait créé l'étonnement en évoquant un possible "acte prémédité".
Plusieurs responsables russes avaient également dû démentir avec fermeté des informations de presse selon lesquelles les astronautes américains de l'ISS étaient suspectés d'avoir percé le trou, alors que le secteur spatial est l'un des rares exemples de coopération encore fonctionnelle entre la Russie et les États-Unis. Les problèmes techniques et dysfonctionnements ne sont pas rares à bord de l'ISS et la plupart du temps sans réel danger pour l'équipage.