Ils vivent depuis quinze jours à 400 mètres sous terre. Sept femmes et huit hommes mènent une mission scientifique de 40 jours dans la grotte de Lombrives, à Ussat, qui vise à observer et mieux comprendre nos capacités d'adaptation. L'équipe de volontaires est notamment composée de médecins, de chercheurs et d'une infirmière. Jérémy Roumian, directeur des opérations logistiques de l'expédition Deep Time donne sur Europe 1 des nouvelles du groupe, qui vient de communiquer de premières données. "Toute l'équipe va bien et poursuit sa vie sous terre", affirme-t-il.
Le chef d'expédition, Christian Clot, a fait cette semaine un rapport de premiers jours passés à l'intérieur de la grotte. "Ils vont bien. Ils prennent leurs marques. Ils apprennent à vivre dans cet univers." Les contacts avec l'extérieur sont limités et ont lieu via un sas. "De temps en temps, ils peuvent sortir des informations", détaille-t-il.
Des journées très chargées
Les conditions de vie sont rudes à l'intérieur de la grotte. "Il fait 10 degrés et entre 95 et 100 % d'humidité en permanence", indique Jérémy Roumian. Même s'il estime probable qu'il y ait "des peurs, des fatigues et des moments de doute", le directeur des opérations logistiques de l'expédition rappelle que "cela fait partie de cette expérience". "Ce qui compte, c'est vraiment la capacité d'adaptation à long terme." A l'intérieur de la grotte, un petit abri de 10 mètres carrés permet aux volontaires de s'isoler.
Les vastes salles de la grotte de Lombrives ont été aménagées en trois lieux distincts. "Un lieu de vie principal, une zone de repos absolu où la règle est qu'ils ne doivent pas se réveiller les uns les autres - car chacun doit vivre à son propre rythme biologique - et puis une zone scientifique", raconte Jérémy Roumian. Les quinze membres de l'équipe ont des journées chargées. "Il faut aller puiser son eau et la purifier, préparer et gérer les stocks de nourriture et produire une partie de l'électricité".
Une collecte de données psychologiques et cognitives
A cela s'ajoute "environ deux heures de travaux, de protocoles scientifiques à réaliser chaque jour" avec des questionnaires et des rapports réguliers à remplir. L'objectif est de collecter des données "d'ordre physiologiques, chronobiologiques, psychologiques, éthologiques et cognitives" que les chercheurs pourront comparer avec celles recueillies avant et après l'expérience. Les chercheurs observent notamment la "représentation cognitive du temps" des participants, qui n'ont pas de montre à disposition.
Les règles de vie sous terre resteront les même tout au long de l'expérience. "Ce que l'on peut imaginer en revanche, c'est qu'au fur à mesure qu'ils apprivoisent l'obscurité, la température, l'humidité et le fonctionnement social du groupe, ils fassent des explorations un peu plus longues de la grotte."