Ils s'appellent Albert Fert, Cédric Villani, Jean Jouzel ou encore Françoise Barré-Sinoussi. Ces chercheurs, pour la plupart prix Nobel, ont signé avec quatre autres grands noms de la recherche scientifique une tribune publiée en Une du journal Le Monde dans laquelle ils dénoncent les coupes budgétaires. Un projet de décret a en effet été présenté en commission des finances de l'Assemblée nationale, mercredi dernier, annulant 256 millions d'euros de crédits sur la mission "recherche et enseignement supérieur".
Des mesures qui "s'apparentent à un suicide scientifique et industriel". Les chercheurs dénoncent, dans cette tribune au vitriol, "des mesures" qui "s'apparentent à un suicide scientifique et industriel". "Ce que l'on détruit brutalement, d'un simple trait de plume budgétaire, ne se reconstruit pas en un jour", écrivent-ils. "Les organismes nationaux de recherche vont devoir arrêter des opérations en cours et notamment limiter les embauches de chercheurs et de personnels techniques". Pour ces derniers, "ce coup d'arrêt laissera des traces, et pour de longues années".
La menace d'un "décrochage". Car, la principale menace est bien celle de "décrocher" vis-à-vis des autres pays. Alors que le CEA, le CNRS, l'INRA et Inria vont perdre 134 millions d'euros, "le gouvernement américain vient de décider de doubler son effort dans le domaine des recherches sur l'énergie", révèlent les chercheurs. Et puis, il y aussi "le message envoyé par le gouvernement" qui "n'incitera pas non plus la jeunesse à se tourner vers les métiers de la recherche scientifique et de la R&D en général".
Quelle réaction au gouvernement ? Dans un communiqué, Thierry Mandon, le secrétaire d'Etat chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, et Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche affirment que "les moyens de la recherche sont intégralement préservés". "Aucun programme de recherche ne sera altéré par ce dispositif de régulation budgétaire de cours d'année", est-il expliqué. "Les annulations prévues dans le cadre du décret d'avance sont des mesures qui n'auront aucun impact sur l'activité des organismes de recherche", ajoute-t-on.