Près d'un tiers des espèces de chauve-souris d'Île-de-France sont menacées d'extinction, selon un rapport de Natureparif publié vendredi, qui s'inquiète des menaces qui pèsent sur le petit mammifère "utile" mais souvent mal-aimé.
Six espèces en "danger critique". Sur les vingt espèces de chiroptères présentes en Île-de-France, six sont menacées, dont deux, la Barbastelle d'Europe et le grand Rhinolophe, sont même classées "en danger critique", selon cette étude de l'agence régionale en charge de la biodiversité.
Des insectivores très utiles. Seul mammifère sachant voler, la chauve-souris, principalement nocturne, est dotée d'un système d'écholocalisation qui fonctionne comme un radar et lui permet de "voir" la nuit. Mais malgré cette place un peu à part au sein du règne animal, note Natureparif, la petite bête peu populaire suscite peu d'élan de protection de la part d'humains qui la connaissent mal. "Elles sont pourtant bien utiles : insectivores, elles mangent mouches et moustiques", insiste dans la préface du rapport François Letourneux, vice-président du comité français de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN France).
Insecticides, éclairage nocturne... Mais si leur régime alimentaire leur permet de jouer un rôle naturel d'insecticide, elles sont aussi des victimes collatérales de l'utilisation des pesticides qui déciment leurs proies. Les chauve-souris sont également perturbées par l'éclairage nocturne, et par des infrastructures "rarement accommodantes" dans une région où les zones urbaines sont presque partout. Il ne reste plus assez d'arbres creux ou de cavernes pour les héberger, surtout pendant la période délicate de l'hibernation, et elles ne sont pas toujours bienvenues dans les charpentes qui leur servent de refuge alternatif.
Mais celles qui arrivent malgré tout à trouver gîte et couvert ne sont pas au bout de leurs peines. Elles doivent encore éviter les chats, les voitures pour les espèces qui volent bas et les pales des éoliennes qui peuvent les tuer "sans contact direct", par le simple déplacement d'air qui endommage leurs organes internes, explique le rapport. La combinaison de tous ces facteurs conduit à une situation plus compliquée pour les chauve-souris en Île-de-France que dans le reste du pays. La part d'espèces de chiroptères menacées est ainsi trois fois plus élevée dans la région, selon l'étude.