"C'est une déclaration bienvenue". Alain Cirou, le spécialiste des questions spatiales d'Europe 1, juge positives les annonces de Donald Trump qui souhaite renvoyer des astronautes sur la Lune et préparer une mission habitée vers Mars. "La Nasa attend depuis quelques années une feuille de route. Apollo 17 est la dernière mission sur la Lune, en décembre 1972. Et depuis, plus rien, plus de grands projets. On a eu des déclarations d’intérêt avec Bush père et fils, on a eu un arrêt avec Obama qui estimait que ce n’était pas la peine de dépenser de l’argent en communication… ", résume-t-il.
"Du pain béni pour Trump". "L’idée d’un retour sur la Lune, même s’il n’est pas clairement expliqué, s’il n’est pas budgété, s’il n’y a pas d’échéance, c’est du pain béni pour Donald Trump", ajoute Alain Cirou, au lendemain de l'annonce du locataire de la Maison-Blanche. Ce dernier a signé lundi une directive demandant à la NASA d'accentuer ses efforts sur les missions habitées vers l'espace lointain, un priorité qui rassemble les élus des deux bords.
Retour sur la Lune "dans les 20-25 ans". "Ce qu’on peut imaginer en terme de date, c’est que la Station spatiale internationale cessera ses activités et sera désintégrée dans l’atmosphère terrestre dans une dizaine d’années. Donc je dirais que le projet d’un retour à la Lune pour les Américains serait dans les 20-25 ans qui viennent", imagine notre spécialiste, qui précise tout de même : "Ce ne sera pas vraiment un retour parce qu’ils ne se poseront pas, sauf s’ils décidaient d'y dédier des moyens".
"Mars, c'est un abandon". Voilà pour la Lune. En revanche, Alain Cirou balaie clairement l'autre idée de Trump qui concerne la conquête de Mars. "C'est un abandon. Clairement, les Américains comprennent qu’ils n’ont ni le temps ni les moyens aujourd’hui de conduire une exploration habitée sur Mars", estime-t-il. "C’est la destination à atteindre dans un futur lointain, mais en attendant, il faut quand même que les industriels aient des commandes, des budgets, que la superfusée construite par les Américains – qu’on appelle pour l’instant « The Rocket for nowhere » (la fusée pour nulle part) – ait une vraie destination. Donc il faut donner une feuille de route qui soit facilement accessible dans les années qui viennent".
Les Américains vont-ils suivre les Chinois ? Alain Cirou conclut son propos en rappelant la forte concurrence, notamment chinoise, en matière spatiale. "N’oubliez pas que les Chinois, eux, ont décidé de retourner dans l’espace beaucoup plus loin que l’orbite terrestre. Ils se donnent 2032 comme date butoir pour aller sur la Lune. Est-ce que les Américains feront la course, rien n’est moins sûr parce que ça coûtera beaucoup d’argent".