Et si Vénus, "sœur jumelle" de la Terre abritait (elle aussi) la vie ? C'est en tout cas que laisse supposer la récente découverte d'une équipe internationale de scientifiques de l’université de Manchester, de Cardiff et du Massachusetts Institute of Technology. D'après ces derniers, les couches nuageuses de la deuxième planète la plus proche du Soleil abriteraient un gaz toxique qui pourrait être la conséquence d'une forme de vie.
Un gaz associé "à des processus de vie"...
Ce gaz, c'est la phosphine. On en trouve sur Terre en petite quantité où il est "associé à des marécages, des eaux humides, des fumiers... et donc à des processus de vie", explique au micro d'Europe 1 Sylvestre Maurice, astrophysicien au CNES à Toulouse. Uniquement présent dans l'atmosphère de la planète, à l'abri des 470 degrés Celsius de la surface, ce gaz serait la conséquence "d'une forme de vie qui devrait être de petite taille, pour flotter librement", détaille Jane S. Greaves, professeure d'astronomie à l'Université de Cardiff, qui a dirigé les recherches.
... composé en partie de phosphore
Cette étude remarque ainsi que "la photochimie des gouttelettes des nuages vénusiens [de l'acide sulfurique, ndlr] est complètement inconnue". La phosphine est composée d'un atome de phosphore et de trois d'hydrogène. Le phosphore est un des six éléments chimiques du vivant, mais comme le rappelle prudemment Jane S. Greaves, sa présence sur Vénus n'implique pas la présence de vie. "Même si une planète contenait du phosphore en abondance, il pourrait lui manquer une autre condition nécessaire à la vie, comme d'autres éléments, ou son milieu pourrait être trop chaud, ou trop sec", prévient la scientifique.
De son côté, l'administrateur de la Nasa, Jim Bridenstine a qualifié dans un tweet la découverte de phosphine "événement le plus important" dans la recherche de vie extraterrestre. Il précise également vouloir donné la priorité à l'étude de cette planète, délaissée initialement au profit de Mars.
Life on Venus? The discovery of phosphine, a byproduct of anaerobic biology, is the most significant development yet in building the case for life off Earth. About 10 years ago NASA discovered microbial life at 120,000ft in Earth’s upper atmosphere. It’s time to prioritize Venus. https://t.co/hm8TOEQ9es
— Jim Bridenstine (@JimBridenstine) September 14, 2020
Une planète qui n'est pas propice à la vie
Si les scientifiques s'accordent sur le fait qu'a priori l'atmosphère de Vénus, "extrêmement déshydratante et hyper acide", n'est pas propice à la vie, sa couche nuageuse pourrait donc l'être. C'est pourquoi la professeure Greaves et ses collègues plaident pour une observation plus poussée du phénomène, en premier lieu pour le confirmer. En s'affranchissant idéalement du "filtre" de l'atmosphère terrestre, grâce à un télescope spatial. Et pourquoi pas avec une nouvelle visite, par sonde, de Vénus ou de son atmosphère.