Les enfants nés de soldats français tués pendant la Première guerre mondiale ont vu leur vie raccourcie, selon une étude dévoilée lundi lors du congrès annuel de la Société européenne d'endocrinologie pédiatrique et rapportée mardi par Sciences et Avenir.
Les registres de naissance épluchés. Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs de l'Inserm ont épluché les registres nationaux de naissance pour y recenser 4.170 enfants nés entre 1914 et 1916. Leur particularité ? Ils ont tous été reconnus "pupilles de la nation", leurs pères ayant été tués sur le front. Mais les scientifiques ne se sont pas contentés de ces données. Ils les ont croisées avec une base comprenant les noms de 1,4 million de "poilus" morts dans les tranchées afin de savoir si leurs disparitions étaient intervenues avant ou après la naissance. Enfin, afin de pouvoir comparer les espérance de vie avec celles d'autres enfants, ils ont aussi pris en compte les naissances les plus proches de celles des pupilles dans les registres et qui présentent un profil similaire (même sexe, même lieu de naissance, même âge de la mère).
Un stress "transmis au foetus". L'analyse de l'ensemble de ces données a permis de constater que les enfants pupilles ont vécu 1,1 année en moins que les enfants non pupilles. Mais l'écart monte à 2,2 années pour ceux ayant perdu leur père avant leur naissance. "Ces résultats suggèrent fortement que chez l'homme, le stress maternel psychologique est transmis au fœtus", estiment les auteurs.
L'Inserm souhaite désormais poursuivre cette étude afin de déterminer la cause de la mort de ces enfants pupilles "afin de faire la lumière sur les mécanismes impliqués". Des précédents études ont déjà démontré le lien entre le stress connu par l'embryon et les conséquences une fois adulte. Une recherche parue en septembre 2015 avait ainsi démontré que les enfants de personnes déportées pendant la Seconde guerre mondiale souffraient plus d'anxiété et de dépression.