La France aurait-elle peur de viser la lune ? Alors qu'Arianespace doit lancer ce vendredi soir depuis Kourou trois satellites, le président exécutif de l'entreprise française, qui commercialise les lancements des fusées européennes Ariane et Vega, lance un cri d'alerte. "Nous avons besoin d'une grande mobilisation pour le spatial", dit au micro d'Europe 1 Stéphane Israël. À cause de l'impact de la pandémie, l'entreprise va réaliser "quatre à cinq lancements de moins cette année". Et ses clients "sont exposés" puisque les satellites placés en orbite "dépendent de l'activité économique globale".
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"Le secteur spatial devrait voir ses revenus amputés d'à peu près 25% cette année"
"Le secteur souffre et nous avons besoin d'être soutenus, au niveau de l'État et au niveau de l'Europe. Nous sommes l'expression d'une volonté publique, d'un partenariat public-privé !", a martelé Stéphane Israël. "Nous en avions besoin avant le Covid-19, nous en avons particulièrement besoin maintenant", explique-t-il, affirmant qu'en raison de la crise sanitaire, "le secteur spatial devrait avoir ses revenus amputés d'à peu près 25% cette année".
Ariane 5 doit lancer ce vendredi soir, depuis Kourou en Guyane, trois satellites, dont un satellite ravitailleur qui va s'arrimer à un autre appareil déjà en orbite. Une mission "extrêmement innovante", a-t-il détaillé. Il s'agira du troisième lancement de l'année 2020 depuis le Centre spatial guyanais, qui a été fermé pendant les deux mois du confinement et fonctionne désormais en "mode Covid".
"Ce serait tout à fait possible de faire voler Thomas Pesquet depuis la Guyane"
La crise sanitaire a aussi entraîné un "décalage" pour le vol inaugural d'Ariane 6, qui se fera finalement dans la seconde partie de 2021, a rappelé Stéphane Israël. "Tous nos ingénieurs y travaillent d'arrache-pied", a assuré le patron d'Arianespace. Ce lanceur européen, "plus flexible et moins cher" qu'Ariane 5, "sera le plus fiable au monde", et il pourrait même à l'avenir embarquer des astronautes, selon lui. "Nous avons toutes les briques technologiques qui nous le permettent et à la fin de la décennie, ce serait tout à fait possible de faire voler Thomas Pesquet depuis la Guyane."
Mais ces vols habités ont "un coût", et le fait que l'astronaute français parte en 2021 avec Space X pour sa deuxième mission spatiale "montre que les Américains dépensent des milliards pour le vol habité, et posent aux Européens la question de leur niveau d'ambition".