Laurent Ballesta et trois autres plongeurs passent près d'un mois dans un caisson pressurisé, à 60 mètres de profondeur dans la Méditerranée.
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C'est une expérience scientifique inédite à laquelle participe le plongeur, qui s'est confié sur Europe 1 jeudi. Pendant 28 jours, il vit à 60 mètres de profondeur pour étudier les fonds du parc national des calanques de Marseille.
INTERVIEW

Depuis le 1er juillet, il vit une expérience inédite. Avec trois autres plongeurs, Laurent Ballesta, qui est aussi biologiste et photographe, vit dans la Méditerranée, à 60 mètres de profondeur. Dans un caisson pressurisé de 5 mètres carré, ils dorment, se lavent, mangent et surtout travaillent, notant les observations réalisées lors de plongées. Car c'est cela, le principe de leur mission, que Laurent Ballesta a raconté jeudi dans Le Club de l'été d'Europe 1 : partir explorer les fonds marins du parc national des calanques de Marseille.

Un défi technique

Tous les jours, Laurent Ballesta et ses comparses font donc des sorties, jusqu'à 144 mètres de profondeur. "La zone de 60 à 120 mètres de profondeur est la plus riche en diversité, celle qui héberge ce que j'appelle les récifs coralliens de la Méditerranée", raconte le plongeur, qui se souvient de "belles surprises" dès le premier jour. "On a eu des calamars de grande profondeur qui sont venus autour [du caisson], se sont accouplés et ont pondu sous nos yeux."

Ces quatre semaines d'exploration "sans limite" sont un véritable défi technique. Pour la première fois, l'utilisation de la plongée à saturation, c'est-à-dire à une profondeur si grande qu'il faut utiliser un caisson, est utilisée "pour aller étudier les ressources et non les exploiter", explique encore Laurent Ballesta. 

Des plongées "douloureuses"

À une telle profondeur, inutile d'espérer respirer avec de simples bouteilles d'oxygène. La pression est telle que cela entraînerait une perte d'esprit. "À 120 mètres, on ressent treize fois la pression atmosphérique", rappelle le plongeur. "On remplace donc l'azote de l'air par de l'hélium, ce qui permet de garder les idées claires car l'hélium n'est pas narcotique." Ce qui a pour effet, d'abord, de modifier la voix, au point où les quatre comparses ne peuvent se comprendre sans filtrer leurs paroles via un casque. 

Ballesta 1280

Surtout, l'hélium n'est pas isolant. "C'est une pompe calorique qui refroidit l'organisme, comme si on respirait de la glace pilée", décrit Laurent Ballesta. Les plongées en deviennent "douloureuses" : "On a extrêmement froid. Dans notre station de 5 m², on est dans une ambiance tropicale suffocante. Et à l'extérieur, c'est une ambiance polaire. Même dans une eau à 12°, en termes de ressenti c'est comme si on était dans une eau à 0°."

L'avantage de cette plongée à saturation, c'est qu'il n'y a pas besoin de passer les "paliers" habituels pour gérer la pression sur le corps humain. Pendant 28 jours, les plongeurs ont pu aller et venir entre les profondeurs et leur caisson de vie à 60 mètres. En revanche, la décompression finale, lors de leur remontée à la surface, durera près de quatre jours. Laurent Ballesta et ses comparses doivent revenir sur terre dimanche.