La première femme à avoir reçu une greffe de l'utérus aux Etats-Unis, âgée de 26 ans, se porte bien dix jours après l'intervention et est apparue lundi tout sourire devant la presse. "Je tiens à exprimer toute ma gratitude envers la famille de la donneuse de l'organe qui m'a donné ce cadeau de pouvoir enfanter", a-t-elle déclaré. Présentée seulement par son prénom, Lindsey, elle a vivement remercié les chirurgiens et médecins qui ont réalisé cette greffe durant une intervention qui a duré neuf heures à Cleveland, dans l'Ohio. Elle a également expliqué avoir appris à l'âge de seize ans ne pas pouvoir avoir d'enfant. Elle et son mari ont déjà adopté trois petits garçons.
3 à 5% de femmes dans le monde sont infertiles. L'utérus greffé provient d'une donneuse qui était âgée d'une trentaine d'années, décédée soudainement mais qui était en bonne santé et avait déjà eu un enfant. La Cleveland Clinic, où s'est déroulée l'opération, avait commencé à sélectionner des candidates pour une greffe de l'utérus fin 2015 dans le cadre d'un essai clinique visant à offrir cette procédure à dix femmes. Celles susceptibles d'en bénéficier sont nées sans utérus ou avec un utérus qui ne fonctionne pas, ou elles ont dû subir une ablation de cet organe, ce qui les empêche dans tous ces cas de procréer. Cette forme irréversible d'infertilité affecte de 3 à 5% des femmes dans le monde.
Une naissance par césarienne. Les patientes doivent attendre un an avant de tomber enceinte, le temps de la guérison après l'opération et que les médecins ajustent les doses de médicament antirejet de l'organe greffé. La naissance de l'enfant se fera par césarienne, a précisé le Dr Tommaso Falcone, un chirurgien directeur du centre des greffes de la Cleveland Clinic. Cette greffe sera aussi temporaire et doit permettre à la femme d'avoir deux enfants sur une période totale d'environ cinq ans. L'utérus greffé sera ensuite enlevé pour éviter de prolonger le traitement antirejet, a-t-il précisé.
L'université médicale suédoise de Göteborg avait été la première au monde en 2013 à effectuer avec succès une telle greffe. En France, l'Académie de médecine s'était déclarée en juin 2015 favorable à la poursuite d'un programme de recherche sur la transplantation d'utérus, alors que deux équipes françaises sont sur les rangs pour expérimenter cette intervention risquée et pleine d'incertitudes.