Un réchauffement du climat au-delà de 1,5 degré, limite souhaitable établie dans l'accord de la COP21 à Paris, entraînerait un bouleversement sans précédent des écosystèmes du bassin méditerranéen depuis 10.000 ans, à savoir le début de la civilisation humaine, selon des climatologues européens.
"Une situation extrême". Étant donné que les écosystèmes de cette mer sont un point chaud de la biodiversité mondiale (au moins 1.500 espèces endémiques et au moins 70% de l'habitat perdu) et qu'ils fournissent à une population nombreuse alimentation, eau potable, protection contre les inondations ou encore stockage du dioxyde de carbone (CO2), une montée supplémentaire du mercure aurait des effets drastiques, préviennent-ils. "La différence entre 1,5 et 2 degrés (...) nous ferait passer d'une situation à peu près normale à l'échelle des 10.000 dernières années à une situation extrême", explique Joël Guiot, directeur de recherche au Centre national français de la recherche scientifique (CNRS) à l'Université Aix-Marseille.
Le climat des Pouilles dans le sud de la France. Ces climatologues ont simulé différentes hausses futures des températures, analysé l'impact sur la végétation et comparé avec l'évolution du climat des 100 derniers siècles. Si le réchauffement était de deux degrés, la pointe sud de l'Espagne serait transformée en désert et le sud-est de la France aurait le même climat que celui des Pouilles, dans le sud de l'Italie, ajoute le climatologue.
Sécheresses en été, parasites en hiver. Selon les chercheurs, ce réchauffement se manifeste surtout par des sécheresses de plus en plus fréquentes qui affectent l'agriculture et les forêts, dont l'impact est déjà visible dans la région méditerranéenne. Des hivers relativement doux favorisent notamment le développement de parasites qui contribuent à une mortalité grandissante des arbres.