Solar Impulse 2 est parti pour son étape la plus décisive. Alors que depuis son départ le 9 mars dernier, aucun de ses vols n'a dépassé les 24 heures, l'avion solaire s'est élancé dans la nuit de samedi à dimanche pour un voyage de 130 heures, soit la plus longue étape de son tour du monde. Ce vol le conduira de la Chine jusqu'à Hawaï, sur une distance de 8.500 kilomètres. Ce départ avait été maintes fois reporté pour cause de météo défavorable. Le dernier report datait de mardi lorsque la couverture nuageuse au-dessus de Nankin et de la mer du Japon avait été jugé trop importante.
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Un vol de six heures. C'est à 2h40 du matin que Solar Impulse 2 a décollé de Nankin, ville de l'est de la Chine, avec sur ses ailes, des projecteurs pour éclairer la piste. À son bord, le pilote suisse André Borschberg qui va affronter seul six jours et cinq nuits de vols au-dessus du Pacifique. "Je croise les doigts. J'espère traverser le Pacifique. Nous disposons d'une bonne fenêtre météo" pour cette traversée, a-t-il assuré avant de monter dans le cockpit. Dimanche à 16 heures, l'avion s'apprêtait à survoler le Japon après être passé au-dessus de la Corée du Sud et de la mer de Chine orientale.
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— SOLAR IMPULSE (@solarimpulse) 31 Mai 2015
Sa première traversée d'océan. Du tour du monde que projette de boucler Solar Impulse 2, il s'agit de l'étape la plus éprouvante. Abou Dhabi, Oman, Inde, Birmanie, Chine... les autres vols de l'avion solaire étaient en effet beaucoup plus courts et Solar Impulse 2 n'a jamais traversé d'océan. Pour atteindre Hawaï, André Borschberg va avaler 8.500 km à une allure allant de 90 à 140 km/h, un défit technologique et un exploit de l'histoire aéronautique pour un avion qui ne consomme pas de carburant. Muni de 17.000 cellules photovoltaïques, il se nourrit seulement de l'énergie fournie par les rayons du Soleil.
Des siestes de 20 minutes et pas de café. Pour le pilote suisse de 62 ans, l'étape est éprouvante. André Borschberg devra se contenter de courts sommeils de 20 minutes. Chaque jour, il affrontera de plus des altitudes himalayennes autour de 28.000 pieds (8.400 mètres), soit l'équivalent du toit du monde, l'Himalaya. Il subira enfin des variations de température allant jusqu'à 55 degrés dans sa cabine monoplace non pressurisée. Pour André Borschberg et le binôme avec qui il partage les étapes, le Suisse Bertrand Picard, pas de café au menu puisque "cela aide quelques heures, mais ensuite c'est négatif".
Et en cas de panne ? Pas d'inquiétude du côté du pilote comme des ingénieurs. "Je ne vois pas cela comme risqué, parce que nous avons travaillé longtemps sur les différents problèmes", a confié André Borschberg. "Si nous perdons un moteur, on peut voler avec les trois autres, par exemple" et en cas de panne plus grave, le pilote peut s'extraire en parachute, équipé d'un radeau de survie. Inutile cependant d'espérer en des secours rapides, car aucun bateau ne suit l'avion à la trace.