Les pesticides néonicotinoïdes auraient multiplié par trois la mortalité des abeilles sauvages. Voilà le constat d'une étude britannique parue mardi 16 août dans la revue Nature Communications. Les apiculteurs alertent depuis plusieurs années sur le lien entre l'usage de ces puissants pesticides et l'effondrement du nombre de colonies d'abeilles sauvages. La Commission européenne avait d'ailleurs interdit l'utilisation de trois insecticides dès avril 2013. Pourtant, les études scientifiques sur le sujet n'avaient pu apporter de preuves irréfutables quant à l'impact de ces pesticides sur la disparition de certains insectes. À partir de la situation britannique, les sept signataires de cette nouvelle étude affirment avoir établi ce lien.
Une étude sur 18 ans et 62 espèces. Les chercheurs se sont appuyés sur les relevés de la société britannique Bees, Wasps and Ants Recording Society effectués de 1994 et 2011. Parmi ces données, ils ont retenues celles qui concernent les abeilles sauvages repérées au moins cinq cent fois sur des parcelles d'un kilomètre carré de champs de colza ayant été traités aux néonicotinoïdes. Cette plante a été choisie comme référence parce qu'elle est désormais la principale culture traitée avec ce type de pesticide. L'échantillon étudié comporte plus de 31.800 relevés.
Une augmentation de 10 à 20% de la mortalité des abeilles sauvages. La conclusion de cette étude est sans appel : l'utilisation des néonicotinoïdes triplerait la mortalité des abeilles sauvages. "Nous estimons que, depuis 2002 [année à laquelle cette famille de pesticides s'est largement répandue en Grande-Bretagne], l'usage des néonicotinoïdes est responsable à lui seul d'une perte de plus de 20% pour cinq espèces", écrivent les scientifiques. Ils précisent qu'elle provoque également un déclin de près de 10% pour 24 espèces et 15% pour 11 d'entre elles. Ces insecticides, qui agissent sur le système nerveux des insectes, seraient également responsables d'une altération du sperme des abeilles.
Des néonicotinoïdes bientôt interdits en France. Dans le cadre de la loi pour la reconquête de la biodiversité, votée le 20 juillet dernier, la France a interdit tous les produits pesticides comprenant des néonicotinoïdes sur le territoire à partir du 1er septembre 2018, avec des dérogations possibles jusqu'en 2020. Un délai prévu pour donner aux industriels le temps de trouver des substituts.