Il mesurait deux à trois mètres de haut pour 200 à 500 kilos, et restera sûrement le plus grand singe de l'histoire de la planète. Le gigantopithèque, un singe géant aux allures de King Kong, a disparu de la surface de la Terre il y a un million d'années en raison de son incapacité à s'adapter aux changements environnementaux, selon des scientifiques.
Peu de renseignements. Les restes du gigantopithèque dont on dispose se limitant à quatre mâchoires inférieures et "des centaines, voire des milliers de dents isolées", les chercheurs disposent de peu d'informations sur ce monstre. "C'est clairement insuffisant pour dire si l'animal était bipède ou quadrupède ou même imaginer ses proportions", a expliqué Hervé Bocherens du Centre Senckenberg pour l'évolution humaine et le paléo-environnement (Allemagne), coauteur d'une étude publiée sur le site internet de la revue Quaternary International.
Un orang-outan surdimensionné. "Certains le présentent comme un orang-outan surdimensionné, ce qui est l'option choisie pour le roi Louie (le roi des singes qui kidnappe Mowgli dans Le livre de la jungle) dans un film qui sortira en mars. Mais d'autres le dépeignent comme un gorille de couleur noire", a ajouté le scientifique.
Des "dents de dragon". Avec une équipe de chercheurs internationale, Hervé Bocherens a étudié l'émail des dents du géant mettant en évidence qu'il vivait exclusivement dans la forêt. Les premières dents de gigantopithèque ont été trouvées dans les années 1930 parmi des "dents de dragon" vendues comme remède dans une pharmacie chinoise. "Nos résultats indiquent que ces grands primates vivaient uniquement dans les forêts, y tirant leur nourriture", a précisé Hervé Bocherens, ajoutant qu'ils étaient végétariens.
Pas assez de nourriture. Pour les chercheurs, la taille du gigantopithèque et le fait qu'il se cantonnait à un seul type d'habitat ont entraîné son extinction. Pourtant des proches de ce grand singe, comme l'orang-outan, sont toujours là, alors qu'ils ne vivent, eux aussi, que dans les forêts. Mais ils ont un métabolisme lent et sont capables de survivre avec peu de nourriture. "En raison de sa taille, le gigantopithèque avait sûrement besoin d'une grande quantité de nourriture", a estimé le chercheur. Or, au Pléistocène (de 2,58 millions d'années à 9.600 ans avant notre ère), beaucoup de zones boisées se sont transformées en savanes herbeuses, "fournissant une alimentation insuffisante pour le singe géant", a souligné Hervé Bocherens.