Les laboratoires américain Pfizer et allemand BioNTech ont fait état lundi d'un vaccin "efficace à 90%" contre le Covid-19, selon les résultats préliminaires d'un essai encore en cours. Ce partenariat entre le géant pharmaceutique et la société de biotechnologie ouvre la voie à des collaborations fructueuses entre les entreprises des biotechnologies et la "big pharma", ont notamment expliqué le virologue Christian Bréchot et l'économiste Frédéric Brizard, vendredi, sur Europe 1.
Un partenariat "très vertueux"
Ce dernier se réjouit de ce partenariat qu'il juge "très vertueux". "C'est eux [BioNTech] qui inventent et Pfizer a fait un partenariat intelligent en leur donnant la possibilité de développer et commercialiser", selon ce spécialiste des questions de santé. Il note, en parallèle, que dans ce cas de figure "ce n'est pas la big pharma qui est la plus innovante" mais les société de biotech.
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Selon Frédéric Brizard, ces entreprises "sont plutôt flexibles et supportées sur le plan financier soit par les États (comme le laboratoire Moderna qui a reçu 2,5 milliards de dollars de la part de l'État américain) soit par la 'big pharma' qui apporte son pouvoir". Les investissements publics et privés sont ainsi indispensables pour que ces collaborations entre ces différents acteurs aboutissent à des innovations concrètes. C'est ce qui s'est produit avec le partenariat Pfizer/BioNTech.
Un mécanisme nouveau
Les deux laboratoires ont en effet mis au point un vaccin basé sur une innovation majeure : la technique de l'ARN messager. En quoi consiste-elle ? "On injecte directement l'ARN c'est-à-dire la molécule qui va conduire à synthétiser une des protéines du virus sans que l'on ait à introduire un vecteur viral", précise explique Christian Bréchot, virologue, ancien patron de l'Inserm et ancien directeur général de l'institut Pasteur. Ces brins d'instructions génétiques vont donc dicter aux cellules le mécanisme de défense à fabriquer contre une maladie.
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Aucun vaccin fondé sur cette innovation n'a encore été mis sur le marché. Frédéric Brizard, économiste spécialiste des questions de santé salue ainsi "une technique nouvelle" et "une preuve que ce type de vaccin peut fonctionner contre des maladies infectieuses". "C'est vraiment une grande première qui va s'inscrire dans l'histoire de la vaccination", poursuit-il. Les deux spécialistes sont toutefois unanimes : la route est encore longue jusqu'à l'homologation du vaccin et sa production.