Objectif : diviser par deux le nombre de fumeurs d'ici 2025.
La guerre au tabagisme est déclarée. Le député UMP Yves Bur a remis jeudi au ministre de la Santé, Xavier Bertrand, un rapport pour faire un premier pas vers la sortie du tabac. Dans ce document, il propose une série de dix mesures pour diviser au minimum par deux le tabagisme en France. Objectif : que le nombre de fumeurs passe sous la barre des 15% en 2025. Et ce, en agissant sur plusieurs leviers à la fois.
"Nous avons actuellement 60.000 morts par an victimes du tabac", a-t-il expliqué sur Europe 1, "soit quinze fois plus que de tués sur la route. C'est l'équivalent chaque jour de 164 morts, c'est à dire un Airbus A320 qui se crasherait. Devant cette hécatombe, on ne peut pas rester en ne faisant rien".
Europe1.fr fait le point sur ses principales propositions.
Interdiction de fumer dans tous les lieux publics. Pour protéger les enfants du tabagisme, Yves Bur recommande d'élargir les champs d'interdiction de fumer à l'ensemble des lieux publics ouverts ou fermés où les enfants peuvent se trouver. Dans son rapport, le député cite notamment les jardins publics, les plages ou encore les véhicules privatifs. "C'est terrible de voir des parents fumer fenêtres fermées alors que des enfants en bas-âge sont à l'arrière".
Un paquet "neutre". Le député veut imposer un paquet de cigarettes standardisé sur le modèle australien. L'idée serait que tous se ressemblent, peu importe la marque, pour qu'ils n'attirent pas l'attention avec leurs couleurs parfois criardes s'ils sont disposés sur un mur. La marque pourra indiquer son nom, "mais le reste du paquet sera destiné à véhiculer des messages sanitaires et des photos chocs beaucoup plus fortes". D'ailleurs, Yves Bur veut introduire la vente "sous le comptoir" des produits du tabac, pour qu'ils ne soient plus visibles au premier coup d'œil.
Une taxe pour les industriels. Aujourd'hui, seuls les fumeurs payent des taxes sur le tabac. Pour acheter leurs cigarettes, ils dépensent 11 milliards d'euros chaque année, qui vont directement dans les poches de la Sécurité sociale. Problème : les dépenses de santé tabagiques coûtent 18 milliards d'euros chaque année à l'Etat. Yves Bur propose que les fabricants mettent aussi la main à la poche pour combler une partie de ce déficit.
Autre recommandation du rapport : affecter une partie des recettes fiscales générées par le tabac au financement de la prévention et de la prise en charge par la Sécurité sociale. "Seuls les fabricants ne paient rien, donc c'est bien le minimum qu'ils paient au moins pour la prévention. Je propose une taxe au minimum de 50 millions d'euros."
Une meilleure prise en charge des fumeurs. Pour lutter contre le tabagisme, le document préconise aussi de mieux prendre en charge les fumeurs qui souhaitent s'arrêter. Le député qui a rédigé le rapport incite à la gratuité des soins pour les populations prioritaires ou vulnérables, comme les femmes enceintes ou encore les bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU).
Le statut des buralistes en question. Yves Bur propose dans ce rapport de ne plus lier la rémunération des buralistes au volume de ventes de produits du tabac. Il conseille de prévoir un autre système de rémunération sur le nombre de paquets de cigarettes vendus. Sans toutefois donner de détails. "Le plus important, c'est la santé des Français, pas la bonne santé des buralistes. Évidemment, il faudra en tenir compte, mais il faudra faire des choix".
Un interlocuteur unique. Comme dans le cadre de Sécurité routière, le député veut mettre en place un délégué interministériel à la lutte contre le tabagisme. Il serait désigné par le Premier ministre.