L'INFO. Un homme de 33 ans a été condamné vendredi à treize ans de réclusion par les assises de l'Ardèche, pour une série de viols et d'agressions commis sur des mineures de 6 à 17 ans, au terme d'un procès à huis clos centré sur sa personnalité.
La personnalité "fragile" de Sébastien Dutheil. La cour a assorti son verdict d'une peine de sûreté des deux tiers et d'un suivi socio-judiciaire avec injonction de soins de dix ans, sanctionné de cinq ans de prison en cas de non-respect. Le parquet avait requis quinze ans de réclusion contre ce carreleur jugé pour deux viols, neuf agressions et tentatives d'agressions sexuelles sur des fillettes surprises de nuit dans des campings, entre 2010 et 2012.
La défense, qui ne conteste pas les charges, avait insisté sur la personnalité "fragile" de Sébastien Dutheil, sa pleine coopération à l'enquête et les remords qu'il a exprimés dès l'ouverture de l'audience, mercredi. Prenant la parole en dernier, ce jeune homme dégarni et voûté avait "dit aux victimes qu'il était très conscient d'avoir détruit leur vie, les larmes aux yeux. Il semblait sincère", a expliqué Me Guillaume de Palma, qui défend deux parties civiles.
C'est un "prédateur sexuel". Les débats se sont focalisés sur la personnalité de Sébastien Dutheil, qui reconnaît les faits et a même révélé plusieurs agressions dont les enquêteurs n'étaient pas saisis. Il risquait 20 ans de réclusion. Pour l'avocat général, Dominique Sénéchal, c'est un "prédateur sexuel", "déjà averti" par la justice avec une première condamnation pour agression sexuelle en 2000 et un rappel à la loi en 2005, dont les actes traduisent une "montée en puissance".
Pour établir sa "dangerosité", le magistrat a évoqué les "actes de repérage" mis en lumière jeudi à l'audience : Sébastien Dutheil s'était renseigné sur internet sur le "viol d'enfants", l'emplacement et le plan des campings.
"Pas méchant mais immature". Ces actes préparatoires n'ont aucune incidence sur la peine encourue. Ils pèsent en revanche dans l'appréciation de la personnalité, M. Dutheil n'ayant pu expliquer ses actes autrement que par des "pulsions" non préméditées. La défense, emmenée par Me Carole Muzi, s'est efforcée de décrire la fragilité de cet employé modèle, brièvement marié puis éconduit, marqué par un passage en pensionnat où il dit avoir été abusé par un camarade.
"Depuis qu'il a été incarcéré, il y a une vraie prise en charge thérapeutique. Il a beaucoup progressé dans la prise de conscience par rapport aux victimes. Dans son esprit, il ne voulait pas leur faire de mal", affirmait son avocate avant le procès. D'après Me De Palma, l'accusé est apparu comme "pas méchant mais immature", fréquentant "une litanie d'amis de 16 ou 17 ans". Plusieurs ont témoigné contre lui, décrivant des images pédopornographiques sur son ordinateur ou "des gestes déplacés vis-à-vis de leurs copines".
Entre 10 et agressions. Sébastien Dutheil avait été interpellé le 10 août 2012 après la découverte de son ADN sur la culotte d'une Néerlandaise de 12 ans, violée le 27 juillet dans un camping du sud de l'Ardèche. Spontanément, il avait reconnu d'autres agressions. Au total, il estime en avoir commis "10 à 20", remontant pour les premières à l'été 2010, mais il n'a pu fournir de chiffres précis. Dans la quasi-totalité des cas, les violences sexuelles n'ont été accompagnées d'aucun autre sévisse.
L'enquête a débuté en août 2012 après plusieurs plaintes pour viols et agressions sexuelles. L'affaire avait eu un important retentissement médiatique, accentué par la nationalité étrangère de plusieurs victimes. L'agresseur, visage dissimulé, leur caressait le sexe ou leur imposait une pénétration digitale pendant leur sommeil. Il prenait la fuite dès que ses victimes ou leurs proches se mettaient à crier.
ARDÈCHE- Mis en examen pour viol