Et si pendant deux semaines, les enseignants arrêtaient de donner des devoirs à faire à la maison aux enfants ? C'est l'appel lancé lundi par la première fédération de parents d'élèves, la FCPE, et l'Institut coopératif de l'école moderne. Ils pointent du doigt "la persistance des devoirs à la maison, dont personne n'a jamais prouvé l'utilité".
Les devoirs à la maison interdits depuis 1956
Aussi étonnant que cela puisse paraître, un texte qui interdit les devoirs à la maison existe. Une circulaire datant de 1956 proscrit en effet tout travail écrit à la maison le soir, après l'école. Concrètement, les enfants peuvent faire un peu de lecture ou réciter quelques mots. Mais normalement, à l'école primaire, ils n'ont pas à sortir leur trousse le soir pour faire des exercices.
20 heures à surveiller les devoirs
Mais dans les faits, la plupart des enfants travaillent le soir. Et d'après une étude, dès le CP, les parents passent une vingtaine d'heures par mois à superviser les devoirs de leur progéniture. "Il faut revoir le travail qui a été fait en classe dans la journée et faire de la lecture. Et pendant la semaine, on a une longue dictée à préparer pour le lundi matin", détaille sur Europe 1 Émilie, la maman de Lucie, 6 ans. "Je trouve que ça fait beaucoup. A la fin de la journée, les enfants sont fatigués et n'ont pas envie de s'y remettre. C'est vraiment un moment de tension quand on aborde les difficultés", ajoute cette maman.
Enseignants et parents partagent la responsabilité de cette situation. Si certains instituteurs font réviser leurs élèves pour qu'ils réussissent les évaluations nationales, les parents réclament souvent des devoir. Pour Valérie Marty,la présidente de la PEEP, la deuxième fédération de parents d'élèves, les devoirs, à petite dose, permettent de créer du lien entre les familles et l'école. "C'est un petit moment qu'on passe ensemble. Ça incite les parents à regarder ce qu'on fait à l'école et ça permet d'avoir un dialogue autour de l'école", estime-t-elle sur Europe 1.
Des inégalités entre enfants et entre parents
C'est précisément ce que reprochent les détracteurs aux devoirs à la maison. Selon eux, ils créent des inégalités pour les enfants qui n'ont ni le temps ni les moyens d'être aidés par leurs parents, ou par des petits cours payants. "C'est une double peine pour certains élèves, qui ont déjà eu du mal en classe et à la maison, ils se font disputer par leurs parents. Certains parents vont se trouver nuls aussi parce qu'ils ne peuvent pas aider leurs enfants", regrette Catherine Chabrun.
Cette enseignante qui fait partie de l'Institut coopératif de l'école moderne propose donc 15 jours sans devoir "pour faire prendre conscience que le lien avec l'école peut être fait autrement qu'avec des devoirs".
Sur la question, les hommes politiques se montrent assez prudents. Ils laissent aux enseignants leur liberté pédagogique. même si la plupart défend l'idée que les devoirs se fassent au maximum sur le temps scolaire.