"Il aurait été préférable de ne pas faire partir ce train de Strasbourg ce soir-là", déplore le rapport d’enquête de la SNCF 4295, publié mardi sur le site du groupe ferroviaire, sur le retard "cumulé de quinze heures" du train Lunea. Pour le justifier, la SNCF assure que le convoi au départ de Strasbourg et à destination de Nice et de Port Bou "a subi un enchaînement exceptionnel et rarissime de cinq incidents qui ont engendré à un retard cumulé de quinze heures".
"Un raté de planification"
"La volonté de bien faire" du groupe ferroviaire, "en dépit de ces conditions difficiles", note le document, "a conduit la SNCF à prendre des risques excessifs de qualité qui ont conduit à ce dysfonctionnement majeur de qualité de service". Avant de conclure : "l’erreur majeure du retard est un raté de planification du changement de conducteur à Belfort qui n’a pu être ni ‘bouclée’, ni rattrapée dans des conditions satisfaisantes".
Parti un peu en retard de Strasbourg le dimanche 26 décembre au soir, le train a connu "une succession exceptionnelle d’incidents" qui se sont traduits par de nombreux arrêts plus ou moins prolongés. Les passagers sont alors arrivés à destination tard dans la soirée lundi, et non dans la matinée comme prévu. Le rapport note que "les conditions de voyage des 600 voyageurs ont été très difficiles malgré les mesures prises par les équipes et la présence permanente des contrôleurs engagés et attentionnés pour informer sur les aléas subis et les conditions de poursuite du voyage".
Trois mesures avant l’été
Pour éviter un nouvel incident de ce genre, la SNCF s’engage à conduire, "avant l’été 2011", trois types d’actions. Il s’agit dans un premier temps de mettre en place "une meilleure fiabilisation de la production des trains de nuit ‘à branches’ circulant sur le territoire". Le groupe souhaite également "renforcer ses équipes opérationnelles en cas de coup dur". Enfin, la SNCF veut accélérer "la mise en oeuvre des mesures de prises en charge des voyageurs".
Pour cela, un tableau de bord d’avancement mensuel doit être établi et un audit doit être effectué à l’été pour évaluer la pleine mise en oeuvre des actions décidées.
Dans une lettre d'excuses adressée aux passagers du train, le président de la SNCF, Guillaume Pepy, s’est engagé, lui-même, à veiller "personnellement à ce que l'enquête ordonnée ait les suites nécessaires". Le patron du groupe s’est en particulier interrogé sur le "changement de conducteur (qui) devait être assuré" à Belfort, et ne l'a pas été, si bien qu'il a fallu aller en chercher un autre à Lyon, venu en taxi.
Ce rapport avait été remis, dès lundi, à la ministre des Transports Nathalie Kosciusko-Morizet.