Après une année 2023 mouvementée, le climat social cette année est d'une extrême tiédeur. Invité de Dimitri Pavlenko ce mercredi, Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail et expert des questions sociales et syndicales, évoque les difficultés à mobiliser les travailleurs malgré un contexte fertile.
Une "atonie" sociale. Alors que 2023 fut marquée par un contexte de lutte sociale fort, avec les manifestations contre la réforme des retraites , puis les émeutes, 2024 semble… anesthésiée. C'est en tout cas le constat de Bernard Vivier, directeur de l'Institut supérieur du travail et expert des questions sociales et syndicales. Invité de Dimitri Pavlenko ce mercredi, il décrit des organisations syndicales qui peinent à mobiliser.
Effacement progressif du paritarisme
"Il y a une difficulté des organisations syndicales et patronales à moderniser les dispositifs qu'ils ont contribué à faire naître. Mais il y a aussi une vision très verticale d'effacement des corps intermédiaires d'une haute fonction publique qui dit 'nous savons ce qu'il faut pour le pays'", explique-t-il, évoquant aussi l'échec du dialogue entre les deux instances lors de la réforme des retraites, preuve d'un "effacement progressif du paritarisme".
Une lutte sociale générale qui se meut de plus en plus en revendications particulières à chaque corps de métier. "Les organisations syndicales ne tiennent plus les équipes. Les mouvements catégoriels, corporatistes montent en puissance. Exemple aujourd'hui, les contrôleurs du trafic aérien et donc les égoïsmes catégoriels se développent. Et le risque, c'est un jour d'avoir ce que nous avons vécu en 2018 : un État coupé des organisations syndicales et patronales et avoir en face de lui, non pas le peuple, mais la foule, les gilets jaunes et les manifestations violentes", alerte l'expert.
Pour Bernard Vivier, le 1er-Mai reste un "beau symbole" mais qui régresse d'année en année. D'ailleurs, contrairement à l'an dernier où les huit principaux syndicats français (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites, il n'y a pas de mot d'ordre national interprofessionnel . Dans ce contexte, au niveau national, "120.000 à 150.000" manifestants sont attendus, selon une note des services de renseignement territoriaux, soit une participation nettement inférieure à 2023.