"C'est un bon hiver, très pluvieux". Alexandre Mullens, le "Monsieur eau" de la Chambre de commerce du Tarn, est satisfait : pour la première fois depuis longtemps, le sous-sol de son département s'est complètement rechargé en eau. Selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), les nappes phréatiques françaises sont en effet en pleine forme grâce aux pluies hivernales intenses qui ont permis de les recharger à leur plein potentiel.
Un niveau supérieur à la normale. D'après le bulletin sur l'état des nappes d'eau souterraines de janvier, les trois quarts des réservoirs affichent un niveau supérieur à la normale. " Dès qu'il y a une averse sérieuse, on voit des flaques se former dans les champs. Ça veut dire que la terre est bien imbibée et que l'eau va pouvoir bien recharger les nappes phréatiques", observe ainsi Max Charpentier, agriculteur dans la Marne.
La saison hivernale est en effet capitale pour recharger les nappes phréatiques : pendant cette période, la végétation est peu développée, et les températures sont au plus bas. Conséquence, l'eau de pluie peut s'infiltrer directement dans le sol pour aller recharger les nappes phréatiques, au lieu d'être absorbée par les plantes.
Ça change des années précédentes. Cet hiver 2012/2013 marque un changement radical par rapport aux années précédentes. "Si vous regardez les cartes de mars ou d'avril l'an dernier, on devait avoir une quarantaine de départements qui avaient pris des arrêtés de restriction", explique Philippe Vigouroux, hydrogéologue au BRGM. Une situation à laquelle la France devrait échapper cette année, selon lui : "c'est un changement de tendance, dans la mesure où, depuis quelques années, les pluies hivernales étaient faibles".
La vigilance est malgré tout maintenue. Pour autant, la vigilance reste de mise. Experts comme agriculteurs s'accordent à dire qu'il est encore beaucoup trop tôt pour évaluer l'état des nappes cet été. "C'est encore difficile de se prononcer pour l'année. Les pluies sont très excédentaires, mais il faudra regarder où on en est dans quelques mois", avance ainsi Alexandre Mullens. "C'est pas forcément gagné. Ça ne veut pas dire qu'en mai ou juin, on n'aura pas de restrictions", insiste de son côté Philippe Vigouroux.