C’est une crise "sans précédent" que dénonce la Fondation Abbé Pierre dans son 17e rapport annuel, rendu public mercredi. L’association dénombre en France 3,6 millions de personnes pas ou mal logées. Plus de 5 millions de personnes supplémentaires sont en outre fragilisées par la crise du logement, et en ajoutant à ce chiffre ceux des personnes en attente d’un logement social ou souffrant de la précarité énergétique, la Fondation affirme qu’en tout, 10 millions de personnes sont frappées par la crise du logement.
Dans le détail, il y a en France 700.000 personnes qui n’ont pas de domicile personnel et vivent soit dans la rue pour 133.000 d’entre eux, soit dans des cabanes, des caravanes, chez des amis ou dans leur famille. Et ceux qui ont un logement n’ont "pas toujours des conditions d’habitat satisfaisantes", note l’association caritative, et sur les 3,6 millions de personnes "non ou très mal logées", on dénombre de plus en plus de salariés modestes ou appartenant aux "couches intermédiaires".
"Une panne de l’ascenseur résidentiel"
"Quand cela touche les plus modestes et les classes moyennes, on s’aperçoit que le problème est plus profond, plus enraciné", a commenté sur Europe 1 Patrick Doutreligne, délégué général de la Fondation. Et se loger représente un facteur d’insécurité financière pour un ménage sur quatre. "Les Français disent ‘trop, c’est trop’, plus de 25% du budget des ménages part dans le logement", décrypte Patrick Doutreligne.
Pour bon nombre de Français, le logement est devenu une "source de préoccupation majeure", qu’il s’agisse d’en trouver un, d’en changer ou même de le garder. "Tout se passe comme si se superposait désormais une panne de l’ascenseur résidentiel à la panne de l’ascenseur social", note la Fondation Abbé Pierre.
La politique du logement "injuste"
Comment expliquer ces chiffres ? Pour l’association, la flambée des prix dans l’immobilier est à blâmer, ainsi que la crise, mais le phénomène est aussi à imputer à une politique du logement "excessivement faible", parfois même "injuste".
C’est pourquoi la Fondation a décidé d’interpeller les candidats à la présidentielle pour leur demander de signer un "contrat social pour une nouvelle politique du logement". Et l’association semble avoir réussi son pari de faire du logement un thème central dans la campagne.