Le constat est à peine croyable. 30% des hommes déclarent qu'ils pourraient violer une femme s'ils étaient certains que la victime ne porte pas plainte, selon une récente étude universitaire rapportée par Les Inrocks samedi. Pour les besoins d'une thèse sur les agressions sexuelles présentée début octobre, Massil Benbouriche, docteur en psychologie et criminologie à l'Ecole de criminologie de Montréal et à l'Université Rennes 2, a mené une étude expérimentale pour comprendre les effets de l’alcool et de l’excitation sur les coercitions sexuelles envers les femmes.
150 hommes soumis à l'étude expérimentale. Le chercheur a soumis à l'expérience 150 hommes, âgés de 21 à 35 ans, de toutes catégories sociales, sans troubles mentaux et n'ayant jamais commis d'agressions sexuelles. Le chercheur a réparti en deux groupes ces hommes : un qui boit de l'alcool et un qui reste sobre. Les deux groupes ont subi un premier test comprenant des images pornographiques, sans résultat, avant d'être à nouveau répartis.
50% pourraient user de stratagèmes rusés. Les participants ont ensuite été soumis à une bande sonore, relatant l'histoire de Martin et Marie qui s'enlacent en revenant d'une soirée arrosée : Marie finit par manifester des réticences à aller plus loin. L’enregistrement s’arrête juste avant que Martin ne viole Marie. Interrogés par le chercheur sur leur stratégie, 50% des hommes ont alors déclaré qu’ils pourraient user de stratagèmes rusés, plus ou moins violents, pour avoir une relation sexuelle avec une femme non consentante.
30% pourraient commettre un viol. Et à la question : “si vous étiez absolument certain que Marie ne porte jamais plainte et que vous ne soyez jamais poursuivi, quelles seraient les chances d’avoir une relation sexuelle avec Marie alors qu’elle n’est pas d’accord ?”, 30% des 150 participants ont déclaré qu'ils pourraient commettre un viol dans ce cas de figure. Le taux monte à 60% chez les individus qui adhérent à la culture du viol et qui ont consommé de l'alcool. "Cela pose de vraies questions sur le laxisme et la permissivité ambiante sur l’agression sexuelle, de son traitement judiciaire au harcèlement de rue”, analyse le chercheur. Dans les années 1980, une première étude avait démontré un résultat parfaitement similaire.