Un couple sur deux ne survit pas lorsque la femme est atteinte d'un cancer du sein. "Ce chiffre qui traîne" est révélateur de la difficulté pour le compagnon de la patiente à trouver sa place aux côtés de sa femme dans cette épreuve. "Il faut se souvenir que ça dure un, deux, trois ans, et que cela reste à l'intérieur du couple", explique le docteur Rémi Salmon, cancérologue et auteur de Le cancer, ça se vit à deux, à paraître le 13 février prochain.
"C'est tout le quotidien du foyer qui est bouleversé"
L'annonce d'un cancer est un choc pour un patient, mais aussi pour son entourage, en particulier son compagnon "qui change de monde", affirme le spécialiste du cancer du sein. Invité du Grand journal du soir d'Europe 1 mardi, il détaille : "Quand l'annonce tombe, c'est tout le quotidien du foyer qui est bouleversé".
"On va proposer un traitement à la patiente, on va lui expliquer plus ou moins bien ce qu'il va se passer, et elle va le comprendre plus ou moins bien", mais "personne ne fait jamais rien" pour le mari". Et si d'aventure il pose des questions, il passe "pour un casse-pieds", affirme le spécialiste lors de la 20ème journée mondiale de lutte contre le cancer. "Le compagnon a donc encore moins la possibilité de comprendre pour pouvoir aider."
L'importance de l'apparence
Une fois l'annonce passée, commence le traitement, possiblement de la chimiothérapie, et avec elle la perte des cheveux. Une autre épreuve traumatisante pour le couple. Autre question souvent sous-estimée, celle de la perte de "symétrie" de la femme. Un problème futile en apparence mais qui "ne l'est pas du tout". "C'est déjà suffisamment contrariant [un cancer du sein], mais si on se retrouve en plus avec un sein difforme...C'est pour cela que l'établissement auquel j'appartiens a toujours privilégié une obligation de résultat esthétique."
Quant à savoir comment en parler lorsque le couple a des enfants, le professeur Rémi Salmon préconise de le "faire rapidement, de manière précise et sur un temps limité". Et de rappeler : "Les enfants savent tout et comprennent tout. Plus on attend, plus ils s'inquiètent."