Environ 750 personnes, selon la préfecture, ont manifesté samedi à l'appel d'organisations kurdes de Turquie devant le Conseil de l'Europe à Strasbourg pour contester la victoire du Oui au referendum organisé pour renforcer les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan.
"On a tous voté non, mais on savait très bien que le oui allait passer". La révision constitutionnelle, adoptée à un peu plus de 51% des voix par les Turcs le 16 avril, envisage un renforcement considérable des pouvoirs du président, avec notamment la suppression du poste de Premier ministre à son profit, alors qu'Erdogan est déjà accusé de dérive autoritaire par ses détracteurs. "On a tous voté non, mais on savait très bien que le oui allait passer, pourquoi ? C'est en trichant. En trichant, on peut tout faire et c'est ce qu'il fait (Mr Erdogan), ça fait des années qu'il fait ceci, en trichant", a affirmé Ucihan, un manifestant, à une journaliste de l'AFP.
Pour Tugba Hezel, députée turque du parti prokurde HDP, "la victoire du oui au referendum n'est pas justifiable parce que c'est le non qui a gagné dans les urnes". "En changeant des lois, Erdogan pourra peut-être essayer de faire ce qu'il veut, mais le peuple ne lui en laissera pas le droit", a ajouté cette députée qui explique ne pas pouvoir retourner en Turquie, sous peine d'être arrêtée. Les résultats du référendum ont été contestés par l'opposition, mais les membres du Haut-Conseil électoral turc (YSK) ont décidé à une majorité de dix contre un de rejeter les recours.
Le gouvernement présente cette révision constitutionnelle comme indispensable pour la stabilité du pays. Mais l'opposition dénonce la dérive autoritaire d'un homme qu'elle accuse de chercher à museler toute voix critique, surtout depuis le putsch manqué.