L'arrivée des 407 nouvelles caméras de vidéosurveillance à Marseille s'accompagne d'une vive polémique. Parmi les différents sites sensibles ciblés par la mairie, cinq ont comme objectif déclaré de surveiller les Roms et les gens du voyage, rapporte Marsactu. Une initiative qui suscite de vives réactions auprès des associations de défense des gens du voyage.
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Des fiches en annexes de l'appel d'offres. Pour chacune des 407 nouvelles caméras qui vont être installées dans toute la cité phocéenne, la mairie a dû détailler les missions précises qui leur seront assignées. Dans un document très détaillé, comprenant environ 700 fiches techniques, la municipalité précise les objectifs de tous les sites bientôt équipés de caméras de vidéosurveillance. Figure ainsi dans les missions, la surveillance des lieux touristiques, des quartiers au fort taux de délinquance, des grands axes de circulation, des espaces de stationnement, etc.
Autant de missions qui constituent la majorité des objectifs de la mairie. Mais en y regardant de plus près, le site Marsactu à découvert un étrange objectif : la surveillance des "Roms" et des "gens du voyage". Cinq fiches qui figurent dans les annexes de l'appel d'offres clôturé le 28 juin - c'est-à-dire le dossier technique communiqué aux entreprises candidates - comprennent les mentions "Roms" et "gens du voyage".
"Exiger une modification de ces fiches". "De la discrimination ethnique dans un document officiel", résume Jean-Paul Kopp, président de Rencontres Tsiganes. "C'est consternant. On va exiger une modification de ces fiches", déclare-t-il avant d'interroger : "et s'il y avait marqué juifs, noirs, Comoriens ou gays ? On n'a plus l'impression que la loi protège contre le racisme". Interpellée sur la question, la Cnil estime en effet que cette distinction ethnique est illégale et évoque "une stigmatisation". La commission nationale informatique et libertés met ainsi en garde contre "une stigmatisation ciblant des catégories, notamment raciales ou ethniques".
"Il faut relativiser les faits". Forcée de réagir, la mairie minore la faute, tout en reconnaissant que ces indications ethniques sont "fâcheuses et regrettables". "Il faut relativiser les faits et ne pas se laisser prendre par les intentions nauséabondes du site Marsactu. Sur 700 fiches techniques, qui représentent un travail très lourd pour les techniciens, seulement cinq mentionnent les Roms ou gens du voyage. Je considère que le dossier est clos", déclare l'adjointe UMP de la mairie de Marseille, Caroline Pozmentier, déléguée à la sécurité, contactée par Métro. Difficile toutefois de savoir si la mairie compte sanctionner les responsables de ces objectifs ethniques. "Nous ferons le nécessaire et s'il faut s'expliquer devant la Cnil, nous nous expliquerons", assure la mairie.
Un contexte tendu. Une polémique qui s'inscrit dans un contexte particulièrement tendu sur la question des gens du voyage. Jean-Marc Ayrault, s'est, en effet, rendu jeudi en Roumanie pour évoquer l'intégration des Roms dans le pays. La semaine dernière, une soixantaine de Roms installés sur un campement du Val-d'Oise, et une vingtaine dans l'Essonne, ont été évacués mardi matin par les forces de l'ordre, a-t-on appris de sources concordantes. Le 30 juin dernier, Christian Estrosi avait par ailleurs promis à des gens du voyage de leur "pourrir la vie jour et nuit avec électricité et eau coupés" et de les surveiller "par caméras mobiles".
Voici le document de la municipalité sur les ciblages des caméras :
Ciblage Cameras