Il y a six mois, les enfants d’une école située au milieu d’une cité de Sevran, en Seine-Saint-Denis, avaient été privés de récréation à cause des échanges de tirs entre dealers autour de l'établissement scolaire. Aujourd’hui, les cris des enfants résonnent dans la cour et les parents discutent paisiblement à la sortie de l’école, sous l’œil des CRS déployés dans le quartier. Lundi soir, le ministre de l’Intérieur Claude Guéant s’est rendu à Sevran et à Clichy-sous-Bois, autre ville symbolique de Seine-Saint-Denis, pour une visite surprise destinée à faire le point sur la situation.
Devant l’école, Leïla confie à Europe 1 qu’auparavant, elle venait "en courant". "On avait peur, mais maintenant on y va tranquillement, on profite même du soleil !", s’amuse cette mère de deux enfants.
Leïla avait "peur" quand elle venait à l'école :
"Il y a toujours cette pression"
La vie semble avoir repris un cours presque normal mais la tranquillité ne tient qu’à la présence, chaque jour, de deux fourgons de CRS. Ils sont postés, deux par deux, casque à la ceinture, au pied de chaque tour. "Il y a toujours cette pression quand on voit les CRS dans le coin : on se dit que s’ils sont encore là, c’est qu’il y a quelque chose…", s’inquiète Leïla. Dans l’un des halls d’immeubles, des ouvriers refont la peinture et changent les portes là où il y a encore six mois, les trafiquants filtraient les entrées.
Christelle, une jeune mère de famille, se réjouit de pouvoir enfin recevoir chez elle. "Avant c’était impossible, je ne pouvais pas inviter, c’était honteux". Mais l’inquiétude demeure et Christelle craint "surtout pour la suite" : "à long terme, on ne peut pas savoir exactement à quel moment les CRS vont partir". Car si les CRS partent, les habitants ont peur du retour des dealers et, avec eux, des balles perdues.