Quand un immeuble de standing de la station de sports d'hiver Val d'Isère se ligue contre une baraque à frites. C'est l'enjeu d'une audience qui se tient mardi matin au tribunal de grande instance d'Albertville, en Savoie. Depuis six ans, plusieurs propriétaires d'appartements au pied des pistes veulent faire fermer une baraque à frites installée sur place. Parmi ces résidents, se trouve notamment Lindsay Owen-Jones, l'ancien PDG de L'Oréal. Ces riverains se plaignent de troubles au voisinage : du bruit et des odeurs qui les incommodent. Ils ont donc saisi la justice au motif que cet ancien local technique ne pouvait être transformé en local commercial.
>> Mise à jour : le tribunal a mis sa décision en délibéré au 24 février 2015.
Une tente blanche et des transats en plastique. L'objet du litige est une tente blanche, dressée sur une terrasse en bois d'une vingtaine de mètres carrés, et quelques chaises et transats en plastique. Pour Lindsay Owen-Jones et quelques dizaines d'autres propriétaires, la baraque à frite constitue une nuisance. Ils se plaignent des odeurs de frites, d'un mobilier criard et d'une musique au volume trop élevé : la cabane leur gâche la vie et la vue sur les pistes de ski.
"Cela fait huit ans que l'on vit dans le stress permanent". Ces accusations sont infondées se défend Valérie Maertens, la patronne de l'établissement, usée par des procès à répétition. "Ils s'acharnent. C'est du harcèlement", regrette la restauratrice. "Financièrement, ça me coûte très cher : je dois être au total à 40.000 euros de frais d'avocat et d'huissier", assure-t-elle. "Et je ne vous parle pas du niveau de stress et de ce que cela m'a coûté niveau santé. Parce que cela fait des années que l'on vit dans le stress permanent. J'aspire simplement a de la tranquillité : travailler tranquillement avec ma clientèle. C'est chez moi, c'est mon petit bébé", poursuit Valérie Maertens.
"Ils ne sont pas là souvent". Pour les clients de la cabane, ce petit restaurant est tout sauf une nuisance sur le front de neige. "C'est convivial parce que c'est au départ des pistes de ski débutant. Donc pour les parents qui regardent les enfants jouer dans la neige ou faire du ski, ils sont là dans les transats", confie une habituée. En ce début de saison en tout cas, les appartements des plaignants ont les volets fermés. "Ils ne sont pas là souvent", glisse avec malice Valérie Martens.
Tous réclament mardi la fermeture de l'établissement, sous peine de 500 euros par jour de retard, ainsi que la destruction de "constructions illégales" intervenues en 2011.