Mohamed Merah, le "tueur au scooter", mort jeudi dans l’assaut de son appartement, c’est désormais son frère, Abdelkader Merah, qui se retrouve dans le viseur des enquêteurs et de la justice.
A l’issue de sa garde à vue, ce dernier a été incarcéré dimanche soir à la maison d'arrêt de Fresnes, dans le Val-de-Marne. Clairement suspecté d’avoir été complice de son frère, le degré d’implication d’Abdelkader Merah reste néanmoins flou. Seule certitude, c’est à l'isolement qu'il est désormais détenu.
Placé en isolement par précaution
Abdelkader Merah a été mis en examen dimanche. Ecroué, il "est arrivé vers 20 heures" à la maison d'arrêt et a été placé dans la foulée en quartier d'isolement, a précisé le syndicat FO-Pénitentiaire.
Et pour cause, les enquêteurs craignent deux risques : d’une part, qu’un détenu aussi "médiatisé" soit pris à partie par d’autres détenus. D’autre part, qu’il puisse communiquer avec l’extérieur par le biais d’autres prisonniers, compromettant ainsi le travail des enquêteurs. Cette procédure est régulièrement privilégiée pour les suspects mis en cause dans des affaires d'envergure.
Que lui reproche-t-on ?
Quatre juges d'instruction mènent des investigations pour tenter d'établir le degré d'implication d'Abdelkader Merah, personnage-clé de l'enquête sur les sept meurtres. "Il y a des tas de zones d'ombre dans cette enquête, elle ne fait que commencer", a précisé lundi Frédéric Péchenard, le directeur général de la police nationale.
A ce jour, aucune arme ni explosif n’ont été trouvés lors de la perquisition de son domicile. L'examen du contenu de ses ordinateurs n’a également rien révélé de probant. Mais cet homme de 29 ans est officiellement soupçonné de complicité d'assassinats sur les trois tueries et d'association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme.
Abdelkader Merah a par ailleurs été mis en examen pour vol en réunion pour avoir participé avec son frère au vol le 6 mars à Toulouse du puissant scooter utilisé lors des tueries. De manière générale, il est donc soupçonné d'avoir matériellement aidé son frère, mais pas seulement.
Le tuteur moral de son frère
Abdelkader Merah est aussi connu des services de police pour son engagement de longue date en faveur d'un islam radical. Il avait notamment été entendu en 2007 dans le cadre d’une enquête sur une filière de recrutement pour mener le djihad en Irak. A défaut d’avoir tiré, Abdelkader Merah serait donc soupçonné d’avoir guidé son frère dans son parcours religieux radical.
Le "tueur au scooter" a toujours indiqué aux négociateurs que son frère n’était pas du tout impliqué dans les tueries. Une version démentie par un compagnon de cellule de Mohamed Merah, qui a affirmé qu’Abdelkader "a conditionné Mohamed". "Quand son frère venait au parloir, (Mohamed) baissait la tête et l'écoutait (...) c'est lui qui a pris le commandement de la famille", a-t-il avancé dans les colonnes du JDD.
Que répond-il ?
Dimanche soir, son avocate Me Anne-Sophie Laguens, a précisé que son client réfutait tous les chefs d'accusation portés contre lui et qu'il refusait de devenir "le bouc émissaire des actes de son frère".
"Il n'est pas du tout fier des actes de son frère comme ça a été dit un peu partout dans la presse", a-t-elle souligné, avant d’ajouter : "il ne faudrait pas déplacer le procès qu'on aurait aimé faire à Mohamed Merah sur lui parce que c'est le seul qu'on ait en ce moment".