La comparaison ne passe pas en Belgique. Dans un article publié mercredi dans le Monde, le correspondant belge du quotidien français dresse un parallèle entre l'accident de car qui a coûté la vie à 28 personnes, dont 22 enfants, et l'affaire Dutroux. Un parallèle qui suscite la polémique.
"Les plaies mal cicatrisées des Belges"
Après avoir raconté dans le détail les rebondissements de la journée du drame, le journaliste du Monde compare en conclusion de son article la disparition des enfants dans l'accident de car avec celle des jeunes filles tuées et violées par Marc Dutroux dans les années 1990.
"Après les terribles révélations, consignées dans un rapport officiel, sur les actes de pédophilie commis au sein de l'Eglise catholique durant des décennies mais, surtout, depuis l'affaire Marc Dutroux, les Belges ont une sensibilité à fleur de peau", écrit le journaliste.
Ce dernier justifie son propos en précisant que l'affaire Dutroux a "engendré un traumatisme durable dans le royaume". Le correspondant en conclut que "chaque accident impliquant des enfants ravive désormais les plaies mal cicatrisées des Belges".
"Une conclusion abjecte"
Une analyse qui suscite la colère des médias belges. Le quotidien DH.net déplore ce "parallèle grotesque entre l'émotion de la population belge,... et l'affaire Dutroux !". Le journal estime également que la conclusion du sujet est "totalement déplacée". "Nos voisins français, allemands, espagnols ou turcs auraient-ils été moins 'impressionnés' que nous à la vue de ce terrible événement ?", s'interroge le quotidien.
L'article du Monde fait également réagir la blogosphère belge. Dans une lettre ouverte au correspondant du quotidien français, la bloggeuse Insafoo dénonce un article "cliché", "truffé de rapprochements douteux à la conclusion abjecte". Cette dernière estime que le journaliste du quotidien du soir est "bien le seul à avoir pensé à Marc Dutroux hier".
"Monopole de la tristesse" en Belgique ?
"Sachez que la tristesse ressentie est liée au drame qui s’est produit hier, dans ce tunnel, et non pas 'aux plaies mal cicatrisées des Belges ', comme vous l’écrivez. (…)Votre article laisse presque sous-entendre que la Belgique détiendrait un monopole de la tristesse dès qu’il s’agit d’enfants. C’est honteux", s'insurge la bloggeuse.
L'article, partagé près de 130 fois sur Facebook, fait également réagir sur les réseaux sociaux et notamment sur Twitter. "Jean-Pierre Stroobants êtes-vous naïf ? Surtout ne vous retenez pas pour présenter des excuses", s'agace Dieter Luypaert sur Twitter.
@lemondefr Jean-Pierre Stroobants... are you simple-minded? Don't hold back on that apology. #inappropriate— Dieter Luypaert (@moeriki) Mars 15, 2012
"Jean-Pierre Stroobants ancien journaliste de @lesoir ou non, ici, il est à côté de la plaque !", tranche Bertrand Viellevoye sur le réseau social.
Jean-Pierre Stroobants ancien journaliste de @lesoir ou non, ici, il est à coté de la plaque! bit.ly/xubu80#catastrophe#suisse— Bertrand Viellevoye (@bertvielle) Mars 14, 2012