"Je ne fais que mon travail, c'est une gare, il y a des enfants". Un baiser d'adieu sur le quai d'une gare, rien de plus banal. Mais parce qu'il s'agissait de deux filles, un employé de Thalys a demandé à Mirjam et sa petite amie d'arrêter de s'embrasser, jugeant cette étreinte "intolérable", selon le témoignage d'une des deux femmes. "J’étais choquée, surtout qu’il ne s’est pas arrêté de parler, de notre arrivée sur le quai vers 8h jusqu’au départ du train 15 minutes plus tard. On peut dire qu’il a gâché nos au revoir", a confié Mirjam à l'Obs. Face aux protestations du couple, l'agent Thalys leur aurait répondu : "Je ne fais que mon travail, c'est une gare, il y a des enfants".
"Vagues excuses". Quelques jours plus tard, le 18 février, une plainte est déposée auprès de Thalys. Mirjam ne reçoit un mail de la compagnie ferroviaire que la semaine passée. "J’ai eu un message pour me dire qu’ils enquêtaient ainsi que de vagues excuses. Je pense que j’aurais reçu le même email si mon train avait eu du retard", fustige la jeune femme.
Une pétition en ligne. Les choses s'accélèrent quand l'association de lutte contre les discriminations homophobes All Out, relaie l'incident en lançant une pétition en ligne. "Formez toutes les équipes de Thalys à traiter [leurs] millions de clients de la même manière, quelle que soit l'identité de la personne qu'ils aiment", encourage le texte. Vendredi matin, la pétition avait déjà recueilli plus de 55.000 signatures.
"Sensibiliser nos agents". Thalys a répondu à la pétition d'All Out en rappelant dans un communiqué publié vendredi "son attachement aux valeurs d'ouverture et de respect, qui ne saurait s'accommoder d'aucun mot ou acte homophobe"."Chaque incident sur le terrain donne lieu, chez nous, à des analyses qui permettent d'améliorer nos formations. Cette affaire nous interpelle profondément: à compter d'aujourd'hui, elle va être introduite dans nos process comme un cas-type, et faire référence pour sensibiliser nos agents", indique aussi l'opérateur ferroviaire.
All Out a salué "une mesure forte". "Thalys utilisera le triste incident homophobe dont Mirjam a été victime au sein de ses formations pour l'égalité, afin qu'aucun autre client Thalys ne soit traité aussi honteusement", a commenté Guillaume Bonnet, directeur des campagnes d'All Out.
Interpellée jeudi par des internautes sur Twitter, la société Thalys s'était d'abord contentée de répondre via ce réseau social pour éteindre la polémique. "Thalys condamne fermement tous les propos et actes homophobes", avait annoncé l’entreprise. "L’enquête initiée dès le signalement de cet acte homophobe a conduit à la suspension de cet employé dans l’attente de futurs développements", avait-elle ajouté.
@adepthalys Thalys condamne fermement tous les propos et actes homophobes et a mis à pied l'employé en question— Thalys (@thalys_fr) 12 Mars 2015
L’enquête initiée dès le signalement de cet acte homophobe a conduit à la suspension de cet employé,dans l’attente de futurs développements.— Thalys (@thalys_fr) 12 Mars 2015
Contactée par francetvinfo, la compagnie ferroviaire affirme qu'elle s'apprêtait à informer la jeune femme de la mise à pied du salarié quand le texte a été publié. Cette réaction plus que tardive reste en travers de la gorge de Mirjam. "J’ai reçu un unique message standardisé en trois semaines et demi. Je pense que c’est très insuffisant quand quelqu’un vous envoie une plainte concernant une agression homophobe très traumatisante, estime la jeune femme.
Loin du"Thalys Hugs". L'incident fait d’autant plus polémique que Thalys a toujours été soucieuse d'entretenir son image "gay-friendly". En 2013, l’entreprise avait réalisé une campagne publicitaire "Thalys Hugs", présentant des couples, dont un couple gay, en train de s'enlacer, réunis grâce à la ligne Paris Düsseldorf. La société a également défilé à plusieurs marches des fiertés à Amsterdam.