En tout, 400 policiers et gendarmes sont prêts à se substituer aux grévistes. Un dispositif pour l'instant théorique. Sur le terrain jeudi matin, seuls 45 hommes environ étaient déjà déployés au terminal 2F de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, d’après les informations obtenues par Europe 1. Ces membres de la police aux frontières (PAF), ainsi que des membres de la gendarmerie des transports aériens, remplacent ainsi les salariés des sociétés privées en charge de la sûreté dans l’aéroport qui sont en grève depuis sept jours.
En début de matinée jeudi, la file de voyageurs en attente avait laissé place à une manifestation de grévistes. Pour l'un d'eux, interrogé par Europe 1, les policiers ont été "mis sur poste pour que la grève cesse, pour épuiser le mouvement". "Ça ne nous impressionne pas, on ira jusqu'au bout", a-t-il ajouté. "On n'aurait jamais pensé qu'une telle situation arriverait", a déploré sur Europe 1 un syndicaliste Sud-aérien. "Tout le monde est dépassé par les événements, ça devient quelque chose de politique", a-t-il affirmé, ajoutant : "nous, on ne revendique que nos droits".
Aucun vol n'était annoncé en retard au terminal 2F et quelques vols étaient retardés de trente minutes au terminal 2E. Au final, a confié à Europe 1 une employée d'Aéroport de Paris qui a préféré garder l'anonymat, policiers ou pas, la situation est exactement identique à celle de mercredi.
"Ils essaient de faire ce qu'ils peuvent"
Quant aux policiers, "ils essaient de faire ce qu'ils peuvent, parce que ce n'est pas leur fonction normalement", a noté le syndicaliste. Les policiers, dont certains ont été appelés en renfort alors qu'ils étaient en vacances, sont sur place depuis 5h30 du matin.
Briefés rapidement sur la fouille des passagers, ils ne peuvent effectuer que des palpations et non les contrôles derrière les écrans, qui demandent une formation spécifique. Ils travaillent donc en binôme avec des agents non-gréviste, chargés de regarder l'écran du scanner. Les autres membres des forces de l'ordre mobilisés sont chargés de fouiller les bagages.
Impact limité de la grève
Serge Marigliano, directeur des opérations chez l’une des entreprises de sûreté de Roissy, affirme qu’il était "plus prudent" de déployer ces policiers, "compte tenu du trafic aujourd’hui". Malgré l’impact limité de la grève sur le trafic, Nicolas Sarkozy a demandé mercredi au gouvernement de garantir les départs en vacances pour Noël, alors que des négociations ont échoué pour mettre fin au conflit.
Pour Michel-Antoine Thiers, du Syndicat national des officiers de police (Snop), il n’est pas choquant que la sûreté dans les aéroports soit assurée par l’Etat. "Elle l’était jusqu’au milieu des années 90". "Elle ne l’a plus été ensuite alors même que l’enjeu de cette mission de sécurité s’est considérablement alourdi après les attentats du 11 septembre 2001", a-t-il ajouté, affirmant que "dès l’instant où cette mission est remplie par des intervenants privés", il est "peu normal" que ceux-ci "ne soient pas soumis à un cahier des charges très rigoureux".
"Saboter le dialogue social"
Dans un communique, la CFDT a protesté contre le recours à la force publique dans les aéroports. "Il s'agit d'une énième orientation gouvernementale, qui (...) écornera l'image de la police nationale aux yeux des citoyens", souligne le syndicat pour qui la décision gouvernementale "est particulièrement impopulaire chez la grande majorité des policiers de la PAF (police aux frontières, ndlr) de Roissy-Charles-De-Gaulle". Cette mesure, ajoute le syndicat, "revient à saboter le dialogue social et à contourner une problématique qui est d'intérêt public".
Les syndicats Force ouvrière et CFDT ont indiqué jeudi travailler sur les modalités d'un "recours" contre l'envoi de forces de l'ordre.