Robert Bourgi a allumé un incendie en accusant dans les colonnes du Journal du Dimanche, Jacques Chirac d'avoir reçu un financement africain occulte. L'ancien chef d'Etat n'a pas tardé à réagir et a décidé de déposer plainte en diffamation contre l'avocat d'origine libanaise. Dominique de Villepin, également accusé d'avoir reçu des valises pleines de billets de chefs d'Etat africains, a lui aussi annoncé qu'il portera plainte.
"Scandaleux" que Bourgi ait attendu que Chirac soit malade
"A la suite des propos tenus ce jour par Monsieur Robert Bourgi, le Président Jacques Chirac m'a demandé de déposer plainte pour diffamation", a déclaré Me Veil avant d'ajouter : "Il est pour le moins suspect et pour tout dire scandaleux que Monsieur Bourgi ait attendu que le Président Chirac ne soit plus en mesure de se défendre pour soulager son âme délicate du poids écrasant qui, semble-t-il, pesait sur sa conscience depuis tant d'années".
"On cherche à me dissuader d'être candidat"
"Les accusations qu'ils portent sont graves, scandaleuses, détaillées comme tous les mauvais polars et c'est pour cela que comme Jacques Chirac, je porterai plainte contre lui", a pour sa part déclaré Dominique de Villepin dimanche soir. "Ce n'était ni la pratique, ni l'esprit de la présidence de Jacques Chirac", a-t-il affirmé. "On cherche à me dissuader d'être candidat, on cherche à me mettre des bâtons dans les roues depuis plusieurs années, mais j'ai la peau dure", a lancé l'ancien Premier ministre.
"Je crois que nous comprendrons la véritable nature des allégations d'aujourd'hui dans quelques jours, dans quelques semaines. Manifestement, il y a la volonté de construire un écran de fumée", a encore dit le président du mouvement République solidaire.
Robert Bourgi a décrit, dans le JDD, avec luxe de détails des remises de fonds de la part de responsables politiques africains - "plusieurs dizaines de millions de Francs", "incalculable !", dit-il - qu'il aurait opérées auprès de l'ex-président et l'ex-Premier ministre français entre 1997 et 2005.
L'ex-numéro 2 de Gbagbo évoque aussi des versements à Chirac
L'ex-numéro 2 du président ivoirien du président déchu Laurent Gbagbo a abondé dans ce sens, quelques heures plus tard, affirmant que près de trois millions d'euros avaient été transférés d'Abidjan à Paris pour financer la campagne chiraquienne de 2002. Robert Bourgi "a parfaitement raison", a insisté Mamadou Koulibaly, actuel président de l'Assemblée nationale.
Enfin, en 2009, à la mort du président du Gabon Omar Bongo, un autre ancien président, Valéry Giscard d'Estaing avait déjà indiqué, sur Europe 1, que Jacques Chirac avait bénéficié de financements africains pendant sa campagne présidentielle de 1981.
Ces accusations interviennent alors que le procès des emplois présumés fictifs de la ville de Paris a débuté le 5 septembre, en l'absence de l'ancien président, dispensé d'assister aux audiences en raison de son état de santé. Elles surviennent en outre quelques jours avant l'arrêt de la cour d'appel de Paris dans l'affaire Clearstream où Dominique de Villepin est mis en cause.