Affaire Carlton: dossier dépaysé mercredi?

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avec AFP , modifié à
La justice décide mercredi si elle dépayse cette affaire de prostitution qui implique l’élite locale.

La Cour de cassation examine mercredi la demande de dépaysement de l’affaire du Carlton avec un enjeu simple : faut-il confier l’affaire à des juges d’une autre région pour éviter les soupçons de partialité et d’arrangement entre personnes trop proches ?

Pour "l'impartialité et la sérénité de la justice"

Simple affaire de proxénétisme à l’origine, l'affaire de l'hôtel Carlton de Lille a pris une autre tournure avec la possible implication de hautes personnalités, dont l'ancien directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, mais aussi le chef de la police du Nord.

L’enquête remontant jusqu’à de nombreuses personnes hauts placées, y compris dans la hiérarchie policière, le parquet général de Douai a demandé fin octobre que les trois juges de Lille soient dessaisis de l'enquête afin de préserver "l'impartialité et la sérénité de la justice".

Prostituées, police, BTP et FMI

L’affaire a éclaté début octobre suite à la découverte d’un réseau de proxénétisme en bande organisée dans des hôtels de standing de la région lilloise. Le propriétaire de l'hôtel Carlton, René Kojfer, et son directeur, Hervé Franchois, sont arrêtés, ainsi que Dédé la Saumure, un proxénète belge soupçonné d’être à la tête du réseau de prostitution.

Mais l’enquête révèle au fur et à mesure l’implication de plusieurs policiers, dont un commissaire divisionnaire et le chef de la police du Nord, ainsi que de nombreux entrepreneurs locaux. Puis s’ajoute à cette liste un nom qui donne à l’affaire du Carlton une nouvelle renommée : DSK.

Le nom de l'ancien directeur du FMI est cité à plusieurs reprises, notamment par une prostituée qui a évoqué "une virée dans un club échangiste belge" en 2009, incluant DSK, et quatre voyages à Washington, entre décembre 2010 et mai 2011, juste avant que n'éclate l'affaire de l'hôtel Sofitel de Manhattan.

S'éloigner des élites locales

A ce jour, huit personnes ont été mises en examen par les trois juges lillois chargés de l'instruction et au moins six écrouées. Parmi ces dernières, David Roquet, patron d'une filiale d'Eiffage et soupçonné d’avoir organisé et payé des parties fines pour faire son lobbying.

Ce même David Roquet a depuis révélé que plusieurs élus locaux auraient eux aussi participé à des "soirées chaudes" à Paris en marge du congrès annuel des maires de France, financées par son employeur, le groupe Eiffage. Une accusation qu'a vivement démenti le groupe.

L’un des plus grands groupes de BTP français, des policiers hauts placés, l’ex-directeur du FMI, plusieurs élus et patrons locaux : autant d’ingrédients qui rendent cette affaire sensible et justifient la demande de dépaysement. A l’inverse, syndicats de magistrats et avocats du dossier voient dans cette démarche une "atteinte à l'indépendance de la justice"