L’INFO - Un troisième homme a été mis en examen jeudi dans le cadre de l'enquête sur des soupçons de financement occulte de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995. Il s’agit de René Galy-Dejean, ex-trésorier de ladite campagne. Plusieurs fois entendu par les juges enquêteurs, l’ancien député-maire du 15e arrondissement est soupçonné de "complicité de détournement de fonds publics".
L’ENQUÊTE - C’est à l’issue d’une nouvelle audition de quatre heures, jeudi, que René Galy-Dejean, 81 ans, a été mis en examen par les juges Renaud van Ruymbeke et Roger Le Loire, dans le cadre de l'instruction sur le volet financier de l'affaire Karachi. Car la justice soupçonne deux voies de financement occulte de la campagne de 1995 : D'abord le détournement de commissions sur des contrats d'armement avec l'Arabie Saoudite et le Pakistan, l’affaire dite de Karachi, du nom de la ville pakistanaise où un attentat avait causé la mort de 14 personnes, dont 11 employés français de la Direction des constructions navales. L'une des hypothèses étudiées par le justice est que cet attentat aurait été perpétré en représailles à l'arrêt du versement de rétro-commissions dans le cadre de contrats d'armements, une décision qu'aurait prise Jacques Chirac après son élection en 1995 pour sanctionner son ennemi juré d'alors, Edouard Balladur.
L'autre volet de financement occulte étudié par les juges concerne les fonds spéciaux, cet argent liquide distribué à l'époque par Matignon aux ministères sans justification. Cette pratique très critiquée a été encadrée en 2001 par Lionel Jospin, à l'époque Premier ministre.
10 millions de francs en liquide. Au coeur des interrogations des juges, le versement de 10 millions de francs en liquide sur le compte de campagne, le 26 avril 1995, trois jours après l'élimination dès le premier tour de l'éphémère favori des sondages. "Les sommes qui nous arrivaient étaient censées provenir des meetings. Bien entendu, je n'en croyais rien et restais persuadé (...) qu'il s'agissait de fonds secrets", avait déclaré René Galy-Dejean lors d’une audition en octobre 2012, contredisant la défense d'Édouard Balladur, selon laquelle l’argent proviendrait de la vente d’objets, notamment de tee-shirts, lors des meetings.
Bazire et Mougin déjà mis en examen. Dans ce volet sur les fonds secrets, la mise en examen de René Galy-Dejean intervient moins d'un mois après celles du PDG de la RATP Pierre Mongin et du dirigeant de LVMH Nicolas Bazire, à l'époque respectivement chef de cabinet d'Édouard Balladur à Matignon, et donc statutairement chargé de la gestion des fonds spéciaux, et ancien directeur de sa campagne présidentielle. Lors d'une audition en décembre 2012, René Galy-Dejean avait expliqué avoir lui-même déposé à la banque 3 millions de francs en "petites coupures" au lendemain du 1er tour de la présidentielle. Des sommes qui lui auraient été, selon lui, confiées par Pierre Mougin, ce que l'actuel PDG de la RATP dément.