Affaire Leonarda : les lycéens dans la rue

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Gabriel Vedrenne, envoyé spécial d'Europe1.fr, avec , modifié à
EN IMAGES - A Paris, plusieurs lycées ont été bloqués, pour protester contre les expulsions d'élèves étrangers comme Leonarda.

L'INFO. Solidarité avec Leonarda. Des lycéens bloquent plusieurs établissements depuis jeudi matin à Paris pour protester contre les expulsions d'élèves étrangers en général, et contre celle de la collégienne remise à la police lors d'une sortie scolaire en particulier. La mobilisation a été lancée en quelques heures, via Facebook et des SMS. "Le mot d'ordre c'est de se mobiliser pour le retour des lycéens expulsés", a expliqué Steven Nassiri, le porte-parole du syndicat lycéen FIDL. Un rassemblement a lieu place de la Nation, d'où sont partis plusieurs milliers de lycéens pour rejoindre la place de la Bastille puis celle de République. 

Les portes du lycée bloquées. Un membre de l'équipe pédagogique du lycée Sophie Germain, à Paris, s'est dit "surpris" en voyant arriver des élèves plus tôt que prévu ce matin. Ils étaient en fait là dès 7 heures du matin pour mettre des poubelles et bloquer le bâtiment. Le mot d'ordre de la journée est limpide : "se faire entendre des politique et de l'opinion", comme l'espère Rose, scolarisée en terminale littéraire.

17.10 Manifestation de lycées contre l'expulsion de Leonarda devant le lycée Sophie Germain

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"Mes grands-parents étaient des réfugiés politiques bulgares"

17.10 mobilisation Leonarda Carole et Enola

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Même son de cloche deux cents mètre plus loin, au lycée Charlemagne à Paris. "Si les gens de notre génération ne se mobilisent pas, qui le fera ?", s'interroge Enola, élève de terminale S. Avec son amie Carole, elle a participé jeudi au blocus de son établissement. "Tout le monde devrait être concerné. On a tous, en France,  des origines étrangères. Mes grands-parents étaient des réfugiés politiques bulgares, donc évidemment que je comprend le cas de Leonarda", confie-t-elle.

A 11h, des lycéens se sont rassemblés place de la Nation pour ensuite prendre le chemin de la place de la Bastille :

Il y a Leonarda, il y a aussi Khatchik

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Agé de 19 ans, Khatchik Khachatryan, scolarisé au lycée professionnel Camille-Jenatzy, dans le XVIIIe, a été expulsé samedi vers l'Arménie. Ce dossier, venu s'ajouter à celui de Leonarda, scandalise tout autant les jeunes lycéens parisiens. "Hier [mercredi, NDLR], on a appris par des gens venus parler devant le lycée que Khatchik s'était fait expulser. Ensuite, j'ai appris par les médias pour Leonarda... Ça m'a décidée", raconte Cordelia, rencontrée par Europe1.fr. "Ça me touche de voir des gens de gauche appliquer une telle politique. On veut montrer aux gens qu'on est peut-être jeunes, mais ça nous touche et on est bientôt électeur. C'est donc important de s'impliquer des maintenant", explique cette élève de terminale S au lycée Hélène Boucher.

Balint, scolarisé au lycée Aragon, se montre, lui, plus sceptique : "manifester... bof. Pour changer les choses, il faut des pétitions, aller place Beauvau, devant la préfecture. Personnellement, je suis d'accord avec eux mais c'est malhabile de manifester pour une personne, il faut une réforme de tout le système."

Bis repetita vendredi ?

17.10.Manifestation.Leonarda.Mohamed.E1.930.620

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Mohamed, en première au lycée Maurice Ravel, est lui plus impliqué puisqu'il participe aussi au Conseil de vie scolaire de son établissement. "Les deux cas, ça a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Cela nous a révoltés, on s'est dit qu'on ne pouvait plus se taire ou se contenter de distribuer des tracts. Il fallait qu'on agisse, on a donc bloqué plusieurs lycées". "On fait cela pour une raison simple : on est la France, on est le pays des droits de l'Homme. On a un héritage à respecter."

L'étape suivante, c'est "d'aller tous devant le rectorat pour clamer notre mécontentement, notre indignation. On espère que le maximum de lycéens viendront et que le gouvernement nous entendra." Et si le message ne passe pas, les lycéens ont prévenu : ils comptent se mobiliser une nouvelle fois vendredi.

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