Critiquée tant par les autorités, Manuel Valls en tête, que par les familles des victimes, qui se disent blessées, la chaîne TF1 a tenu à se justifier après la diffusion dans l'émission Sept à huit d'extraits des enregistrements audio entre des policiers et Mohamed Merah, le tueur de Toulouse. Ces extraits contenaient "des informations très importantes sur la façon dont les hommes du Raid ont négocié jusqu'au bout pour que Mohamed Merah se rende", a expliqué la directrice de l'information du groupe, Catherine Nayl.
"Nous sommes des journalistes, notre travail, c'est d'informer"
"Nous l'avons fait en conscience parfaite de ce que cela pouvait avoir comme valeur informative", a encore argumenté Catherine Nayl. "Nous sommes des journalistes, notre travail, c'est d'informer", a-t-elle insisté.
Dès dimanche soir, le producteur de l'émission Sept à huit, Emmanuel Chain, avait expliqué avoir "beaucoup réfléchi" puis avoir "décidé de diffuser ce document qui a une forte valeur d'information". Il avait aussi assuré avoir pensé "en permanence aussi à l'émotion" des familles.
"Je ne comprends pas ce qui nous est reproché"
De son côté, Harry Roselmack, qui présente l'émission Sept à huit, a dit, lundi sur Europe 1, ne pas comprendre "ce qui nous est reproché". "Je ne peux pas laisser dire que l'équipe de Sept à huit n'a pas fait son métier avec responsabilité. On ne peut pas nous accuser de ne pas avoir pensé aux familles. Je maintiens que ce document a une forte valeur ajoutée", s'est-il défendu, demandant à ce qu'on ne fasse pas "de procès en irresponsabilité".
"Quand on a reçu ces enregistrements, on a mis plusieurs jours à voir si on pouvait en faire un sujet. Ce document nous donne des informations, des confirmations : sur son embrigadement, sur le déroulement de la négociation elle-même, sur le fait que la police a tenté jusqu'au bout de le faire sortir vivant...", a assuré Harry Roselmack. Le journaliste affirme par ailleurs que "toutes les précautions ont été prises : nous avons expurgé du document brut les éléments qui auraient pu choquer le public et les familles des victimes. Nous avons aussi enlevé les éléments de langage propagandistes, qui faisaient beaucoup référence à la religion et au terrorisme", précise-t-il.
Les dirigeants de TF1, BFMTV et iTélé convoqués par le CSA
Mais le CSA est loin d'être du même avis. Le Conseil supérieur de l'Audiovisuel a annoncé qu'il entendrait mardi en séance plénière les dirigeants de TF1, mais également des chaînes d'information BFM-TV et i>télé, qui ont repris des extraits de l'enregistrement. Concernant les radios, le CSA n'a pas encore pris de décision, a-t-il indiqué lundi après-midi.
Auparavant, le président du Conseil supérieur de l'audiovisuel, Michel Boyon, a menacé lundi sur Europe 1 le groupe TF1 (qui regroupe notamment TF1 et LCI, ndlr) de sanctions. Il a indiqué avoir téléphoné dès dimanche soir "à tous les dirigeants de chaînes de radio et de télévision pour leur demander instamment de ne pas diffuser ces images". "Si les gens n'écoutent pas ce que nous leur disons, nous allons commencer à étudier ce dossier - ce qui a commencé à être fait dès 8 heures [lundi] matin. Nous allons nous assurer que TF1 et LCI respectent les obligations déontologiques prévues par la loi. Et s'il y a matière pour le CSA à intervenir notamment par la voie de sanctions, nous le ferons, sans hésiter", a déclaré Michel Boyon.
"Je suis profondément choqué. Ce n'est pas acceptable qu'on puisse se moquer ainsi de la douleur des familles ou manquer de respect à des personnes qui ont été blessées", a ajouté Michel Boyon. "Mettez-vous à la place des familles, des gens qui ont été blessés et qui entendent les propos d'une rare violence tenus pas Mohamed Merah, et qui est, je le rappelle, un assassin et un terroriste", s'est-il emporté.