La sœur de Mohamed Merah contre-attaque. Visée par une enquête pour "apologie du terrorisme" après la diffusion d'un reportage sur M6 dimanche, Souad Merah a décidé de porter plainte contre la chaine pour atteinte à la vie privée. La jeune femme, filmée en caméra cachée, s'était dite "fière" de son frère.
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"Des propos tenus dans l'intimité"
"Les paroles ont été prononcées lors d'une conversation avec son frère de manière privée. Ceux qui les diffusent sont punissables", a dénoncé l'avocat toulousain Christian Etelin. Ce dernier, qui défendait déjà les intérêts de Mohamed Merah avant sa mort, compte invoquer l'article 226/1 du code pénal pour déposer la plainte dans les prochains jours. Comme Souad Merah s'exprimait "dans l'intimité de la sphère privée", le reproche d'apologie du terrorisme ne tient pas la route, a-t-il martelé.
"Le comble du comble, c'est qu'on veuille la poursuivre pour des propos tenus dans l'intimité. Son frère l'a provoquée pour qu'elle tienne des propos absurdes. Le délit n'existe pas. L'apologie, c'est de tenir des propos en public avec la volonté de les rendre publics", a-t-il ajouté. "Dans une démocratie, on ne punit pas les paroles privées", a insisté l'avocat toulousain.
"Les salafistes, ils agissent"
Une caméra cachée de l'émission Enquête exclusive, diffusée dimanche soir sur M6, montre ainsi des images de Souad Merah, grande sœur de Mohamed, vantant sa fierté pour les sept meurtres commis par son frère. Filmée en compagnie d'Abdelghani Merah, l'aîné de la fratrie qui est le seul à dénoncer les crimes de son frère, elle se justifie : "Je suis fière de mon frère, il a combattu jusqu'au bout", explique-t-elle, avant d'ajouter qu'elle "pense du bien de Ben Laden. Je l'ai dit aux flics, je peux te le dire à toi. (…) Je suis fière, fière, fière."
Sur ces images, Souad revendique également son antisémitisme : "Les juifs, tous ceux qui sont en train de massacrer les musulmans, je les déteste". "Les salafistes, ils agissent", avance-t-elle encore, "moi et Abdelkader, on soutient les salafistes, Mohammed a sauté le pas."
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"La dangerosité des propos"
Accusé par sa sœur, Abdelghani Merah a affirmé, lundi soir sur Europe 1, vouloir dénoncer "l'intolérance" et "l'antisémitisme" qui règnent au sein de sa famille. L'aînée a préféré toutefois ne pas commenter la procédure judiciaire engagée contre sa sœur. "Je ne veux pas m'immiscer dans l'enquête de la police et de la justice. Je leur laisse faire leur travail", a-t-il insisté.
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Politiques et membres de la communauté musulmane n'ont pas hésité de leur côté à condamner les propos de Souad Merah. Dans un communiqué, Manuel Valls condamne "avec la plus grande fermeté" les propos de la jeune femme. "Bien que tenues dans le cadre d'une conversation privée, ces paroles ne peuvent qu'être perçues comme une apologie du terrorisme et de l'antisémitisme et une provocation à la haine religieuse et raciale", a estimé le ministre.
De son côté, Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, a dénoncé lundi sur Europe 1 la "gravité" de tels propos. "Nous sommes atterrés par la violence, la gravité et la dangerosité des propos de la soeur de Mohamed Merah. Ils sont absolument incitateurs à la haine", a-t-il regretté.
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