La confrontation devrait pouvoir commencer. Christine Lagarde est arrivée mercredi matin, vers 8h20, à la Cour de justice de la République (CJR), à Paris. L'ancienne ministre de l'Economie doit y être confrontée à son ancien directeur de cabinet à Bercy, Stéphane Richard, dans l'enquête sur l'arbitrage Tapie. Une enquête ouverte pour "complicité de faux et détournement de fonds publics". Dans cette affaire, l'actuel PDG d'Orange, arrivé peu après, entend mettre Christine Lagarde "face à ses contradictions". L'ancienne ministre de l'Économie est soupçonnée d'avoir favorisé Bernard Tapie dans le règlement du contentieux l'opposant à l'Etat sur la revente d'Adidas par le Crédit Lyonnais, en 1993. Elle avait décidé en 2007 de mettre en place un système d'arbitrage privé et coûteux qui a finalement permis à l'homme d'affaires de toucher 400 millions d'euros.
"Bonjour", seul mot de Christine #Lagarde à son arrivée à la Cour de Justice de la République #FMI#Tapiepic.twitter.com/5RP2iImBVm— Pierre de Cossette (@Pdecossette) 19 Mars 2014
"Une différence de traitement", selon Stéphane Richard. Il s'agit de la troisième visite de Christine Lagarde à la Cour de justice de la République, habilitée à enquêter et à juger les faits commis par des ministres dans l'exercice de leur fonction. Elle l'avait placée sous le statut de témoin assisté en mai. Elle avait alors évité une mise en examen qui l'aurait sans doute contrainte à quitter ses fonctions au FMI. Depuis, l'institution internationale a toujours assuré Christine Lagarde de son soutien. Une "différence de traitement" que, selon son entourage, "n'a jamais compris" le patron d'Orange Stéphane Richard, qui fait partie des cinq mis en examen pour escroquerie en bande organisée dans le volet non ministériel du dossier.
Des arbitres anormalement favorables à Tapie. La commission d'instruction de la CJR entend comprendre le rôle qu'a pu jouer Christine Lagarde dans le choix pris à l'automne 2007 de préférer à la justice de droit commun, l'arbitrage, c'est-à-dire une justice privée, pour clore le long litige entre Bernard Tapie et le Crédit Lyonnais. Ce tribunal, composé de trois arbitres, avait octroyé quelque 400 millions d'euros à Bernard Tapie, dont 45 millions d'euros au titre du préjudice moral. Les juges cherchent à déterminer si cette sentence est le fruit d'un "simulacre" d'arbitrage organisé avec l'aval du pouvoir. Autre interrogation : la décision en 2008 de Christine Lagarde de ne pas intenter de recours contre cette décision.
Où en est-on aujourd'hui ? A ce jour, cinq personnes ont été mises examen pour escroquerie en bande organisée. Outre Bernard Tapie et Me Lantourne, Pierre Estoup, Stéphane Richard et Jean-François Rocchi, l'ancien président du CDR, l'organisme chargé de gérer le passif du Crédit lyonnais, sont également poursuivis.
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