INFO. C'est un bâtiment qu'il avait visité quand il était ministre de l'Intérieur : Claude Guéant est arrivé lundi matin à la Brigade financière, à Paris. L'ancien pensionnaire de Beauvau et de l’Élysée a, dans la foulée, été placé en garde à vue dans le cadre de l'affaire de l'arbitrage litigieux Tapie - Crédit Lyonnais. Les policiers veulent interroger Claude Guéant sur le rôle qu'il a joué à l'époque où il était secrétaire général de l'Elysée, dans le fameux arbitrage qui a donné raison à Bernard Tapie. A l'arrivée, l'homme d'affaire a touché plus de 400 millions d'euros dans ce que les juges qualifient de "simulacre d'arbitrage".
Dans ce dossier, cinq personnes, dont Bernard Tapie, son avocat et un juge arbitre, ont déjà été mis en examen pour "escroquerie en bande organisée".
Une garde à vue à l'Hôtel Dieu ? Cette garde à vue peut s'étendre sur quatre jours. Claude Guéant va probablement demander à être interrogé dans un cadre médicalisé, à l'Hôtel Dieu, comme Bernard Tapie et le juge Estoup lors de leurs gardes à vue respectives en juin et mai 2013. L'homme connaît en effet des ennuis cardiaques et a été opéré du cœur il y a quelques années.
Que cherchent à savoir les juges ? "Les juges vont essayer de déterminer quel a été le rôle exact de Claude Guéant et notamment, s'il a outrepassé son rôle d'un secrétaire général de l’Élysée". Tout en rappelant que l'ancien ministre est "évidemment présumé innocent à ce stade", l'universitaire Thomas Clay, spécialiste du droit privé et vice-président de l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, qui conteste l'arbitrage de longue date, revient au micro d'Europe 1 sur l'objet de cette audition. "Les juges ou les policiers essaient de déterminer le rôle de chacun dans ce qu'ils ont qualifié jusqu'à présent de 'bande organisée'. Les enquêteurs veulent donc déterminer quel est le rôle de Claude Guéant", analyse-t-il.
A-t-il été au-delà de son rôle de secrétaire général ? "Claude Guéant a été présent au début, notamment avec les réunions de juillet 2007, en la présence de Bernard Tapie à l'Elysée", note Thomas Clay avant de poursuivre. "Il a également été présent à la fin, avec les réunions de juillet 2008, lorsque la décision est prise, manifestement à l'Elysée, de ne pas attaquer la sentence qui venait pourtant de condamner lourdement l'Etat", note-t-il. "On s'aperçoit qu'il y a eu également beaucoup de réunions avec Claude Guéant ou avec le secrétaire général adjoint pendant toute la phase de la procédure". Claude Guéant a-t-il outrepassé le rôle d'un secrétaire général de l'Elysée ? "Ce que l'on peut dire, c'est qu'en principe, une procédure juridictionnelle ne doit pas être piloté depuis l’Élysée", précise le juriste.
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