La commission des requêtes de la Cour de justice de la République (CJR) pourrait décider de l'ouverture ou non d'une enquête sur la ministre de l'Economie Christine Lagarde lors de sa prochaine réunion, fixée au 10 juin, a-t-on appris mardi de source judiciaire. Cette date du 10 juin est par ailleurs la date butoir pour les candidatures à la direction générale du FMI, un poste pour lequel la ministre de l'Economie est pressentie.
La polémique concerne toujours l’indemnisation de Bernard Tapie, qui estime avoir été arnaqué par le Crédit Lyonnais quand ce dernier a été chargé de vendre Adidas. En 2008, un "tribunal arbitral" avait condamné le Consortium de réalisation (CDR, gérant le passif de la banque) à verser 285 millions d'euros de réparations à Bernard Tapie.
Un chèque de 285 millions pour Tapie
Problème : Bernard Tapie aurait probablement reçu moins d’argent si la procédure avait emprunté la voie règlement judiciaire. Or c’est la ministre de l’Economie Christine Lagarde qui a tranché et fait le choix de recourir à un tribunal arbitral.
Les socialistes évoquent donc un "faisceau d'indices" qui tend à montrer que les décisions prises "avaient pour objet de favoriser des intérêts particuliers au détriment de l'intérêt public". Bernard Tapie s’étant publiquement rallié au candidat Nicolas Sarkozy lors de la campagne présidentielle en 2002, certains voient dans ce choix un échange de bons services téléguidé depuis l’Elysée.
Le 10 mai, le procureur général près la Cour de cassation Jean-Louis Nadal a décidé de saisir la commission des requêtes de la CJR. Il estimait en effet qu'il existait des éléments justifiant l'ouverture d'une enquête pour abus d'autorité. La commission des requêtes de la CJCR doit décider la 10 juin si elle abandonne toute poursuite, demande des éléments supplémentaires ou charge un juge d'instruction de l'enquête.
"On essaie de me salir"
"Il n'y a, à ma connaissance, aucun élément nouveau apporté au fond du dossier", s’est défendue Christine Lagarde le 11 mai dernier, dans un entretien accordé au quotidien Le Figaro. "Ma réaction est donc la même que lorsque j'ai découvert dans la presse la lettre adressée au procureur général près la Cour de cassation : sérénité sur le fond mais indignation sur le procédé", a-t-elle poursuivi.
"On essaie de me salir", a-t-elle déploré, "sans doute pour faire oublier que tout cela c'est l'héritage des petits arrangements de l'époque Mitterrand, où ceux qui donnent aujourd'hui des leçons de vertu étaient aux commandes". "Pour ma part, j'ai toujours agi avec rigueur et transparence, dans un seul sens : celui de l'intérêt général", a assuré la ministre, ajoutant : "je le répète, je suis sereine comme je l'ai toujours été sur ce dossier".