L'heure est aux explications. Christine Lagarde est arrivée jeudi matin à la Cour de Justice de la République (CJR), où elle a été entendue toute la journée, à huis-clos, par trois magistrats, dans le cadre d'une enquête ouverte pour "complicité de faux et détournement de fonds publics". Son audition a repris vendredi matin. L'ancienne ministre de l'Économie est soupçonnée d'avoir favorisé Bernard Tapie dans le règlement du contentieux l'opposant à l'Etat sur la revente d'Adidas par le Crédit Lyonnais, en 1993. Elle avait décidé en 2007 de mettre en place un système d'arbitrage privé et coûteux qui a finalement permis à l'homme d'affaires de toucher 400 millions d'euros. La patronne du FMI pourrait être mise en examen à la suite de cette audition qui devrait se terminer dans la journée.
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Le choix de l'arbitrage privé contesté. Les trois juges professionnels doivent demander à Christine Lagarde ce qui l'a poussée à choisir un arbitrage privé pour clore le dossier qui opposait Bernard Tapie au Crédit Lyonnais, au lieu de laisser faire la justice traditionnelle. Cette décision remonte à 2007, quand l'actuelle présidente du FMI était ministre de l'Economie. A l'époque, la procédure judiciaire qui oppose Bernard Tapie au Crédit Lyonnais tourne à l'avantage de l'Etat. La Cour de cassation vient en effet d'annuler la décision de la cour d'appel qui octroyait 135 millions d'euros à Bernard Tapie.
Sauf que peu de temps après, Christine Lagarde, qui vient de succéder à Jean-Louis Borloo au ministère de l'Economie, décide de maintenir la décision de son prédécesseur d'accélérer la résolution du litige en se tournant vers une procédure d'arbitrage privée comprenant trois arbitres chargés d'encadrer un compromis entre les deux parties. Selon un rapport de la cour des comptes, Christine Lagarde aurait dû consulter le Parlement avant d'opter pour un arbitrage.
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>> L'explication de Lagarde. L'ancienne ministre a déjà répondu que cette décision permettait d'aller plus vite et d'en finir avec un feuilleton de 15 ans. "C'était la meilleure solution à l'époque", maintient Christine Lagarde.
Des arbitres anormalement favorables à Tapie. Autre point d'accroche : le choix des arbitres. Selon les investigations de la Cour de justice de la République rendues publiques par Mediapart en 2011, "le choix des arbitres n'apparaît pas conforme aux pratiques habituelles". La CJR souligne ainsi les liens de deux des trois arbitres avec Bernard Tapie, une composition "d'emblée défavorable" à l'Etat.
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>> L'explication de Lagarde. Selon l'ancienne ministre, le recours à l'arbitrage privé a été décidé, non par elle, mais par le Consortium de réalisation du Crédit lyonnais, chargée de gérer le passif de a banque après sa quasi-faillite en 1993, rapporte Le Figaro. Cette dernière ne s'y est pas opposée mais assure l'avoir de conditions précises.
Pourquoi Lagarde a refusé de faire appel ? Autre élément qui interpelle les enquêteurs : l'arbitrage privé qui a permis d'accorder 240 millions d'euros au Groupe Bernard Tapie (GBT), auxquels s'ajoutent 70 millions d'euros d'intérêts et 45 millions de "préjudice moral". Une somme colossale bien supérieure à la décision de justice rendue en 2005, qui était en effet bien plus favorable pour l'Etat. Pour autant, la ministre de l'Economie de Nicolas Sarkozy a refusé d'entamer un recours contre la décision du tribunal arbitral.
>> L'explication de Lagarde. L'actuelle patronne du FMI, qui affirme n'avoir "pas agi sur instruction mais sur la base de son appréciation", assure n'avoir tiré aucun profit personnel de cette affaire. Elle jure par ailleurs n'avoir subi aucune pression de Nicolas Sarkozy qui aurait rencontré Bernard Tapie à de nombreuses reprises. Ce dernier avait par ailleurs soutenu le candidat UMP lors de sa campagne en 2007.
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