L'ancien patron du FMI doit être entendu mardi par les enquêteurs lillois sur son rôle.
Quel rôle a joué Dominique Strauss-Kahn dans l'affaire de proxénétisme dite du Carlton ? Pour tenter d'y voir clair, les enquêteurs chargés de l'affaire doivent interroger mardi l'ancien directeur général du FMI. DSK pourrait être placé en garde à vue.
Complicité de proxénétisme et recel d'abus de biens sociaux
L'ancien ministre socialiste est convoqué à 9 heures, dans une caserne de la gendarmerie de Lille. Il doit être interrogé au sujet de soirées libertines auxquelles il aurait pris part, notamment à Paris et Washington. Si les juges d'instruction en charge du dossier estiment les charges suffisantes à l'encontre de Dominique Strauss-Kahn, il pourra être poursuivi pour complicité de proxénétisme et recel d'abus de biens sociaux.
Ce dernier chef impliquerait que DSK ait eu connaissance de l'éventuelle origine frauduleuse des dépenses. La question d'éventuelles contreparties à ces soirées devrait également lui être posée. Selon les avocats de Fabrice Paszkowski, responsable d'une société de matériel médical et David Roquet, ancien directeur d'une filiale du groupe de BTP Eiffage, également mis en cause dans l'affaire, leurs clients ont répondu par la négative à cette question.
48 heures de garde à vue ?
Par ailleurs, l'ancien ministre socialiste peut être assisté d'un avocat en garde à vue. Celle-ci peut théoriquement durer jusqu'à 96 heures, mais ne devrait pas excéder 48 heures, a-t-on indiqué de source proche du dossier. L'ex-patron du FMI a demandé à deux reprises à s'expliquer dans cette affaire. Dès l'apparition de son nom dans la presse à la mi-octobre, il avait demandé à être entendu "le plus rapidement possible" pour mettre fin à des "insinuations malveillantes". Il avait réitéré cette demande le 11 novembre par le biais de ses avocats, qui dénonçaient un "véritable lynchage médiatique".
Me Henri Leclerc, l'un des avocats de DSK, avait déclaré en décembre que son client "pouvait parfaitement ignorer" que les femmes rencontrées lors de soirées libertines étaient des prostituées. Dans le livre "Affaires DSK, la contre-enquête" de Michel Taubmann, l'ancien patron du FMI jugeait "insupportable" que son nom soit associé à la prostitution dans la presse, reconnaissant avoir "participé à des soirées libertines", ajoutant: "mais d'habitude, les participantes à ces soirées ne sont pas des prostituées". DSK avait ensuite déclaré qu'il n'était "engagé ni par les écrits, ni par les déclarations de quiconque", réservant ses explications à la justice.
Huit mis en examen
Dans cette affaire se croisent des francs-maçons, des policiers, des prostituées "indépendantes" qui travaillaient chez Dominique Alderweireld, alias "Dodo la saumure", un tenancier français de salons de massage en Belgique. Huit personnes ont été mises en examen, parmi lesquelles trois responsables du Carlton de Lille, un avocat et le chef de la Sûreté départementale du Nord, le commissaire Jean-Christophe Lagarde.