Première cérémonie après l'attentat qui a coûté la vie à quatre de ses soldats samedi. Au lendemain de l'incident, le ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, est arrivé à Kaboul, accompagné du chef d'état-major des armées, l'amiral Guillaud. Lors de ce déplacement, la France a affiché sa détermination à poursuivre sa mission en Afghanistan et a confirmé son retrait, d'ici à fin 2012, de ses "troupes combattantes".
Aussitôt arrivé, Jean-Yves Le Drian a assisté à une cérémonie en l'honneur des victimes à l'aéroport militaire de la capitale afghane, où ont été transportées les dépouilles des soldats, dont les cercueils ont été recouverts du drapeau français, selon une source militaire. Les cercueils seront emmenés dès dimanche en France, dans un avion effectuant également du transport de troupes.
Un mois après son arrivée à l'Elysée, François Hollande présidera jeudi aux Invalides à Paris un hommage solennel aux quatre militaires tués en Kapisa : l'adjudant-chef Thierry Serrat, le maréchal des logis-chef Stéphane Prudhom, le maréchal des logis Pierre-Olivier Lumineau et le brigadier Yoann Marcillan.
"Plus ou moins imparable"
En Afghanistan, le ministre de la Défense doit aussi faire le "point sur les dispositifs" de sécurité prévus pendant les sorties des unités françaises. "Il est impératif d'être plus vigilant sur ces exigences de sécurité", a-t-il souligné, tout en ayant "bien conscience de la difficulté". Après un attentat-suicide similaire -cinq Français tués en juillet 2011 en Kapisa-, la sécurité avait déjà été renforcée. Mais les militaires eux-mêmes sont réservés sur la possibilité d'empêcher ce genre d'agressions.
"Ce qui est arrivé est plus ou moins imparable. Sauf à dire qu'on n'a plus de contacts avec la population civile, or c'est l'une des clés de l'affaire", souligne un expert militaire. Malgré toutes les précautions, le cas de figure le plus attendu s'est produit samedi : un insurgé dissimulé sous une burqa s'est fait exploser à proximité d'un groupe de soldats dans un village afghan.
Le calendrier ne change pas
Sur le fond, souligne Jean-Yves Le Drian, l'attentat de samedi ne modifie pas le calendrier du retrait : les "troupes combattantes" auront quitté l'Afghanistan d'ici à la fin de l'année. "Mais ce retrait doit se faire dans des conditions de sécurité car c'est le risque majeur, tant pour nos troupes que pour nos matériels, dans la deuxième phase du retrait logistique au début de 2013", explique-t-il.
En clair : après le départ de 2.000 soldats français d'ici à la fin 2012, le millier de logisticiens, chargés de désengager le matériel, et de soldats, pour assurer leur protection, risque d'être encore plus exposé. Dès juillet, 200 soldats français doivent quitter l'Afghanistan, ce qui portera à 800 le nombre des militaires rapatriés depuis octobre 2011. Le gros des "troupes combattantes" sera retiré à partir d'octobre.
La Kapisa "un refuge pour eux"
Restera ensuite aux forces afghanes à protéger la Kapisa, un territoire très instable. "La sécurité se détériorera. Les talibans reprendront ces territoires si des mesures ne sont pas prises immédiatement. Et la Kapisa deviendra un refuge pour eux", craint Younus Fakor, un analyste afghan. Un tel scénario "sapera toutes les réussites de la France et les sacrifices qu'elle a réalisés pour l'Afghanistan", poursuit-il.
87 soldats français y sont morts depuis 2001. Abdul Hamid Arkin, le chef de la police en Kapisa ne semble pas croire à une telle issue. Dimanche, lui et d'autres responsables provinciaux sont allés présenter leurs condoléances à l'armée française. Et d'ajouter : "les officiers français nous ont dit : 'Ce n'était pas la première et ce ne sera pas la dernière attaque contre nous. Tant que nous serons en Afghanistan, nous n'hésiterons pas à soutenir nos collègues afghans, même au prix des vies de nos soldats'".